Votez mou !

9 mars 2007

Ce matin, j’étais d’humeur vaillante et éclairée, mais un assommoir irritant m’a bien vite extirpé de mon bien-être : il s’agissait de Maurice Roy, membre de l’équipe de campagne de Bayrou.  

J’imaginais pourtant qu’avec le triste guignol félon Douste-Blazy, le summum de la langue de bois, de la bêtise la plus crasse, avait été atteint. Il a aujourd’hui été égalé…  

Ce Maurice Roy, tout comme Bayrou lui-même d’ailleurs, ne répond à aucune question en se prévalant d’un obscur « Les Français savent bien que… » pour dessiner de vagues généralités sur le clivage gauche-droite. Si n’était que son discours de pure άnoia, mais sa voix ! Je ne saurais comment vous la décrire, une bonté lénifiante et surjouée sous laquelle le fiel se décèle. Elle me rappelle celle d’un jouet d’éveil de ma fille, muni de différents boutons représentant des chiffres, des lettres et des animaux. En appuyant sur le bouton considéré, on obtient le cri de l’animal ou alors une voix métallique prononce distinctement le chiffre ou la lettre. Un bouton spécial a une forme d’ourson et est doté d’un point d’interrogation : il s’agit du côté apprentissage de ce jeu. En le pressant, des questions sont posées auxquelles il faut répondre, et la voix qui sort de l’appareil pour s’adresser à l’enfant est sans aucun doute, je l’affirme, celle de Maurice Roy : cette fausse douceur, ce débit lent et trop posé, la volonté trop affirmée d’inspirer confiance et ces nasales tellement cacophoniques que l’on soupçonne un bec de lièvre vivant… Oui, c’est bien lui, qui lorsque je l’abattrai d’un coup de fusil, dira encore : « Joue avec moi - Quel animal fait ce son ? », avant de rebondir mollement sur le sol.  

Bayrou n’est en rien différent de son subordonné, et il agite hypocritement le drapeau social alors même que son programme économique, très classiquement centre-droitier, ne vise qu’à la résorption quasi religieuse d’une dette que l’inflation pourrait faire disparaître bien plus efficacement, ne jure qu’en le maintien de l’indépendance de la BCE, institution monétariste d’un autre âge imposée par feu Karl-Otto Pöhl.  

Je ne suis pas toujours d’accord avec Clémentine Autain, mais à présent, je colporte ses paroles : « Bayrou n’est pas Casimir et l’UDF n’est pas l’île aux enfants ».  

L’Enfer est pavé de bonnes intentions, dit l’adage, mais si vous le souhaitez, votez mou, votez Lecanuet, Giscard, Barre, Méhaignerie (à l’occasion de la rare mention de ce dernier politicien, je salue ici le regretté Patrick Font dont c’était la tête de turc nasillarde), Douste-Blazy… et Bayrou, bande de bobos qui écoutez Benabar et Carla Bruni, où toute musique centriste (douce, mélodieuse, un peu nasillarde, et surtout sans réel fond sous la surface, sans violence ni émotion, de la musique économique en quelque sorte…).  

En conséquence, si le nouvel homme à la tête de chou est élu, n'emaoc'h ket en ho pleud ! Et dans la foulée, j’adhère au FLB, ma Doue, arabat eo fallgaloniñ !