Je suis d’une tristesse rare aujourd’hui. Inerte dans mon fauteuil, je clos yeux et bouche, tente de m’assoupir en ne respirant plus, pour laisser mon cœur s’agiter, se tortiller vainement dans ma poitrine soulevée de sursauts, de hoquets dérisoires.
L’évidence de la fin et de l’irréparable me rabote la peau méthodiquement, petit à petit, jusqu’à la graisse. Sans oxygène, je me refuse pourtant à haleter et couds ma bouche d’un fil vermeil, zébrant le ciel de crasse qui me tient lieu d’avenir.
Mes doigts se tendent parfois dans des craquements nerveux que rien de mon corps stupide ne cherche à imiter. Ca feule derrière mes yeux et je réprime dans le même temps les tentatives que fait l’acide pour se frayer un chemin jusqu’à ma bouche.
Je suis d’une tristesse mortelle aujourd’hui, quand je constate l’impossibilité du sommeil, qui ne peut se trouver ici, à cette heure, pour ce motif, auquel j’aspire mais me refuse. Mon visage penche donc vers l’avant, jusqu’à la probable rupture d’équilibre.
Le silence du vent au dehors fait gonfler mes traits tirés, que je sens envahir la masse informe de ma tête. Je ne suis plus qu’air, vesse et souffle. Je ne suis rien. La fin s’approche de ce que je suis d’une tristesse obituaire aujourd’hui.