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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Contre l'amassement : 2. La frénésie de l'accession à la propriété

Publié le 12 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

11 septembre 2007

J’en viens donc à mon second exemple d’amassement frénétique et parfaitement irrationnel : l’accession à la propriété immobilière. La maison !

 

Les arguments pro ont toutes les apparences de la raison, mais nous démontrerons qu’ils ne sont que sophismes. La démonstration se fondera sur les affirmations les plus courantes relevées par l’observation empirique, de la part de sujets se disant intéressés et favorables à l’accession à la propriété immobilière :

 

-          « Je ne veux pas gâcher mon argent dans un loyer, car en achetant ma maison, j’ai au moins l’impression que mon argent sert à quelque chose » : cet argument relève apparemment du bon sens populaire, le même que celui qui envoyait les épileptiques au bûcher pour possession par le démon, le même pour qui l’arabe est un fouteur de merde qui ne vise qu’à islamiser la France, le même qui hurlait avec les loups contre Georges Courtois… Le bon sens populaire n’a jamais tenu lieu de raison, et pour cause : la majorité de ces primo-accédants, prime Sarkozy ou non, s’endette sur 30 ans pour l’achat de biens évidemment surévalués à des taux d’intérêts certes aguicheurs mais dont le montant net versé sur trente ans est largement supérieur à celui qui devait être acquitté antérieurement pour un emprunt sur quinze ou vingt ans selon un taux apparemment supérieur. D’où il s’ensuit que ces acheteurs payent leur logement plus cher qu’un loyer, pour n’acheter que des dettes dans un premier temps, puis un logement promis à la ruine lorsque l’emprunt sera remboursé.

Certains sont conscients de la fragilité de l’édifice et se lancent dans une course absurde à l’achat puis à la revente de leur résidence principale, selon des délais variables (2 à 4 ans le plus souvent), protégés de la ruine de biens mal construits, mais également soumis à la nécessité de prendre toujours plus gros pour avoir la sensation de l’importance de leur plus-value, légitimant ainsi leur schéma. Sauf qu’une plus-value réelle est également absorbée de manière réelle par la surévaluation du nouveau bien acheté. De réelle, la plus-value devient purement idéelle.

En outre, dans une optique d’intérêt collectif, de tels comportements entretiennent la spéculation immobilière, laquelle agit principalement au détriment des plus faibles économiquement, ce qui est à proprement parler inacceptable et contraire à toute citoyenneté.

L’égoïsme et l’individualisme forcenés commencent d’apparaître en filigrane derrière une affirmation « de bon sens ». Nous allons constater leur confirmation par la suite.

 

-          « Je veux laisser quelque chose à mes enfants » ou encore, d’un air admiratif, « Il a travaillé dur toute sa vie pour laisser quelque chose à ses enfants » : après le bon sens, les adeptes de l’accession à la propriété veulent justifier la nécessité de cette dernière par la fibre sensible, le travail et la famille (aucun humour dans ce syntagme, ni accusation de pétainisme larvé, dans la simple mesure où nous démontrerons que le souci de la Patrie est parfaitement absent chez ces individus). Cette position relève de l’absurdité la plus complète, ou du mensonge inconscient le plus éhonté !

 

En effet, la propriété d’un bien immobilier se révèle à l’usage totalement inutile en matière d’éducation des enfants, laquelle ne souffre nullement de la location, de la mise à disposition d’un logement à titre gratuit, etc.

 

De la même manière, l’allongement de l’espérance de vie a pour conséquence notable qu’en matière de successions portant sur des biens immobiliers, l’héritier prend sa part réservataire ou non à un âge auquel sa vie est déjà faite, bien plus proche en tout état de cause de la retraite que de ses études en Faculté. Son intérêt dès lors pour la succession n’est pas le mieux-vivre, mais bien l’amassement de richesses dont il eût pu se passer sans difficulté.

 

L’argument technique vient également démonter l’affirmation : nous avons vu précédemment que la qualité de l’immense majorité des logements construits aujourd’hui induisait en elle-même que ses éjets menacent ruine d’ici trente ans. Hériter des parpaings désolidarisés au toit hasardeux, la belle affaire !

 

Enfin, l’argument familial cède irrésistiblement sitôt que plus d’un enfant est concerné : l’indivision est le pire des régimes juridiques, nonobstant les velléités de réforme actuellement envisagés. Sauf crack immobilier (qui rendrait l’accession à la propriété bien inutile, sauf spéculation sur le plus long terme), les cours actuels de l’immobilier défendent à la majorité des citoyens de ce pays de racheter la part des autres héritiers : le résultat est simple, la vente du bien, l’inclusion de son montant (généralement réduit, ainsi que le démontre la pratique en termes de cession de biens indivis faite généralement dans l’urgence et la volonté « d’en terminer ») dans la masse successorale et son partage entre les héritiers. Modeste contribution en vérité du de cujus au maintien d’une cellule familiale stable et proche géographiquement !

 

Par conséquent, l’affirmation de la nécessité de transmettre un bien à ses enfants, qui paraît s’inscrire dans la droite ligne du droit romain dont nous héritâmes et dans une tradition familiale bien établie en France, ne constitue pas autre chose que la maladroite tentative de justifier un comportement égoïste et individualiste reposant sur la seule volonté d’amasser des biens et richesses. Cette volonté doit être inconsciemment masquée du fait, c’est un lieu commun mais indiscutable, de la fameuse culpabilité chrétienne quant à l’acquisition de biens matériels, à l’interdiction de l’usure et des métiers d’argent, laissés aux juifs.

 

-          « C’est important d’être chez soi » ou, autre variante, « C’est important de ne rendre compte à personne » : dans ces phrases, il n’est nul besoin de souligner le caractère profondément individualiste de leur auteur, et je n’y reviendrai donc pas, tout en attirant l’attention du lecteur sur le fait que je ne m’essaierai pas à une tentative d’explication psychanalytique sur la nécessité vécue d’amasser des richesses (étant incompétent pour ce faire), me contentant de la juger contraire à la morale nécessaire de tout citoyen éclairé.

 

J’insisterai in fine sur le mode de vie adopté par les propriétaires, achetant croyaient-ils pour leur plus grand bonheur. L’observation empirique démontre chez eux le ressenti d’une activité de tout instant, regardée comme nécessaire pour parvenir enfin au bonheur du chez soi. Le bien si chèrement acquis doit constamment être valorisé, faire l’objet de travaux incessants destinés tout autant à augmenter le confort de vie au quotidien qu’à apporter des plus-values audit bien (nous relevons ici plus un tempérament spéculatif qu’une volonté successorale !), au prix de relations continues avec plombiers, couvreurs, maçons, charpentiers, pisciniers, turcs, yougoslaves (« l’artisan français est long et trop cher »…), amis d’amis qui savent comment on fait ça, connaissances du beau-frère dans le BTP, le tout autour de barbecues arrosés de mauvais rosé où les yeux vitreux contemplent le chantier éternel de l’insatisfaction du propriétaire jamais assouvi d’amasser… Toujours dans l’action et la réfection, tellement que les couples ne se parlent plus que de tâches administratives ou de travaux, sans songer jusqu’à l’inévitable divorce à échanger sur l’art que constitue le maintien des liens amoureux. A force de cacher ces derniers sous la décoration (qui n’est pas toujours de l’art) et les tas de gravats issus des excavations d’une piscine ridicule, ils se sont perdus, à jamais, et ce n’est pas la spéculation immobilière qui changera à l’affaire, la fameuse bonne affaire à laquelle ils aspiraient…

 

Quant à moi, je préfère poser mes valises, mes trois meubles dans une location où je n’ai rien à faire, vivant au crochet d’un propriétaire soucieux d’action, heureux d’encaisser l’aumône que je lui consens chaque mois, pour ma tranquillité d’esprit.

 

Ne plus bouger. Cesser toute action. Lutter immobile. Contre l’amassement.

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Contre l'amassement : 1. La frénésie du téléchargement

Publié le 11 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

11 septembre 2007

Comprenons-nous bien, le but de cet article n’est pas de bouleverser le monde socio-économique (surtout un onze septembre...), dans un grand appel lyrique à la décroissance et l’annihilation de la propriété privée, ni même, plus modestement, à la nationalisation de tous les grands moyens de production.

 

Il n’en demeure pas moins que le début de ce siècle me paraît marqué, plus encore que les golden eighties, par l’impérieuse nécessité que ressent l’individu, de devenir propriétaire, d’amasser toutes formes de richesses dont le nombre où la valorisation dépasse de loin en intérêt le caractère qualitatif.

 

Je passerai sous silence les niches les plus caricaturales de ces comportements (spéculation des Japonais sur la peinture impressionniste, des Russes sur les œuvres d’art moderne…), pour ne m’atteler qu’à quelques exemples de société, relevant du plus pur quotidien.

 

 

La première illustration de cette frénésie d’amassement au détriment de la qualité du bien possédé s’avère économiquement signifiante bien que marginale au regard du PIB total : il s’agit de la crise du disque rapportée à l’explosion des téléchargements pirates. Je n’aborderai pas ici le versant moral de ma position, selon laquelle le téléchargement menace directement l’éclosion de nouveaux talents musicaux au profit des seuls artistes ayant les possibilités financières d’organiser des campagnes de communication et des concerts monstres (de type Prince ou Manu Chao, chantres du modernisme en la matière), tout autant que le téléchargement menace l’existence de groupes existants dont la seule source de revenu constitue justement la vente de disques : en télécharger un, c’est la promesse qu’il n’y en aura pas de suivant… Mais revenons à la frénésie du téléchargement.

 

Qui ne connaît pas dans son entourage un proche adepte d’Emule ou autres plates-formes ? Personne ? Non ? Nous pouvons donc continuer, le cadre étant clair pour tous. La question suivante est : qui n’a jamais entendu ce proche se vanter du nombre de chansons ou albums figurant sur son disque dur 400 Go ? Personne ? Non plus ? L’observation empirique des comportements des adeptes du téléchargement de musique sur Internet confirme l’hypothèse faite a priori : la qualité importe peu, c’est le nombre, la grandeur, la puissance, qui comptent. En cela, ils subissent le même effet que celui voulu par les communicants et publicitaires : lorsque les adeptes du téléchargement vantent leur bibliothèque musicale virtuelle, ils ne font pas autre chose que d’argumenter dans le même sens et avec le même vocabulaire que des publicitaires, dont l’absence de souci de la qualité est une donnée invariable.

 

Selon tous les experts en phonétique et acoustique, le support digital numérisé, comparé au support analogique, a fait perdre à la musique de grands champs d’expression, et notamment toutes les fréquences considérées comme inaudibles ou à la limite de l’audible, dans une approche très scientifique, voire d’ingénierie, plutôt qu’artistique. Il en a résulté un appauvrissement général de la musique (quiconque écoutera par exemple Siegfried par Furtwängler à la Scala de Milan en 1954 sur galette puis sur support CD après passage des ingénieurs du son béotiens comprendra parfaitement mes propos) ; l’hypothèse concomitante au constat fait ci-avant sera faite, d’un appauvrissement corrélatif de la sensation provoquée par la musique, bien de consommation comme un autre, susceptible d’amassement au même titre que l’or, et rejoignant le métal dit précieux dans sa parfaite inutilité pour l’âme (j’ai employé l’adjectif « inutile » dans la mesure où je souhaite rester neutre sur ce point, bien qu’étant fermement convaincu du caractère néfaste et dangereux pour l’esprit de l’amassement de richesses).

 

Or, la musique téléchargée se révèle encore plus compressée que celle numérisée sur support CD-ROM. Bis repetita placent… La qualité sonore baisse encore, contrairement à la religion aberrante consistant à laisser accroire que ladite qualité sonore ne se juge qu’à l’aune de l’absence de souffle audible ou de grésillement d’un diamant sur la surface destructible d’un vinyle.

 

De la même manière, la rapidité des recherches facilitée par Internet invite à des téléchargements non réellement désirés (l’offre crée ici la demande, cela me paraît incontestable), que l’opérateur assoupi ou excité devant son écran charge par simple intérêt d’augmenter le volume de sa bibliothèque, moins par passion musicale, et ainsi de suite… jusqu’à ce que le nombre de fichiers de la bibliothèque outrepasse amplement les capacités d’écoute de l’internaute se pensant musicologue.

 

C’est alors que l’on peut parler de distanciation par rapport à l’objet musical, au profit d’un amassement non directement lié à la nature de l’objet, mais à d’autres critères tels que la valorisation sociale, l’omnipotence/omniscience musicale du titulaire corrélées à l’impression produite sur les interlocuteurs par la « taille » de la bibliothèque.

 

Je n’ai nul besoin d’avoir recours à l’analyse freudienne pour déduire tout le caractère sexuel d’une telle appréciation, exactement comme celui déduit de l’amassement de richesses ne visant pas à être consommées. Il en va notamment ainsi de l’accession à la propriété immobilière (à suivre).

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Noire victoire

Publié le 10 Septembre 2007 par Luc dans Murs gris - ciel blanc (du 23-9 au 23-12-96)

14 octobre 1996

Las dépaysement quand les faibles dards ricochent, mollement désormais, sur les surfaces resserrées des murs et des toits. Ils lézardaient ceux-ci pourtant, il y a deux mois, en faisaient voler les croûtes en éclats, puis grincer les poutres et portes. Mais maintenant, le tout se renferme, sans agitation s'emmitoufle, et perd de la vitesse, tant dans l'exécution que dans la pensée.

Un gamin laid et sans entrain joue avec ses soldats de plomb, les fait chuter sonorement pour oublier les coups qui ont plu sur sa partie charnue. Calme, il mûrit sa vengeance et pourrissent ses entrailles.

Il sait pertinemment être repoussant : il a décidé que ce serait un avantage.

Il n'ignore pas sa faible intelligence : il aura donc de la conversation et s'entourera de gens compétents. Cher Louis, treizième du nom.

Le combat pour le pouvoir suppose d'abord de connaître la moindre de ses propres faiblesses, le canard qui se dandine maladroitement parmi les fiers soldats de sa cuirasse. Faire du palmipède boiteux l'avant-garde meurtrière de sa tactique guerrière. Un canard noir comme la suie, la nuit goudronnée. Un canard à l'oeil furibond, ivre de revanche et brillant à travers son armure dans une aura de violence sans nom. Brillant comme un tunnel sans extrémité, comme la galerie d'une mine. Noire victoire.

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When the going gets tough...

Publié le 7 Septembre 2007 par Luc dans Vivre... par dépit (du 24-6 au 20-9-96)

26 août 1996

When the going gets tough... Un sourire noir et tordu devant l'ironie du sort ne peut qu'apparaître sur le visage qui se voudrait impassible. Je repense aux faces grimaçantes des morts de faim dont le vide anéantissant de l'oeil me remet de plein fouet l'idée de la nécessité de la vie.

Je ne veux même plus parler du temps dépensé inutilement à en suivre le cours tumultueux, essayant d'y appliquer un sens mais n'y trouvant que le désordre.

Il va falloir que quelqu'un m'explique comment trouver un chemin dans l'absurdité chronique et éreintante dont le ventre mou accueille nos ébats confortables. Quoiqu'il en soit, je ne cherche plus. L'envie de révolte a cédé le pas à l'indifférence du quotidien et à l'implosion sans effet autres qu'internes, lorsque la quadrature du cercle semble atteinte, lorsque tout tourne encore moins rond qu'à l'accoutumée.

Pourtant, je demeure encore capable de donner du mou au bout bouffé par l'eau de mer, qui me rattache à l'anneau de fer rouillé, plongé dans la pierre. Je concède un peu de mouvement pour ne pas finir sur pieds, picoré par les crabes. Suis-je ce vieux trémail béant, allongé sur une caisse de bois ou un casier à homards ? Au soleil de mouches et de mouettes, je regarde le ciel, les yeux brûlés par le sel, et je n'espère plus.

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Avenue lined with trees...

Publié le 6 Septembre 2007 par Luc dans Sourires jaunes (du 25-3 au 21-6-96)

28 mai 1996

En mettant un pied devant l'autre sur cette avenue bordée d'arbres, dont je recherchais avidement l'ombre, je manquai de connaître une nouvelle fois ce qu'était l'évanouissement. Une soudaine pression sur le foie et la glotte, la tête qui carillonne et les arbres entamant une polka effrénée devant mes yeux picotés La respiration se fait plus rapide et saccadée dans la poitrine oppressée et l'on se prend à dire tout haut, alors que la muétude était sa principale qualité, je suis crevé...

Crevé, c'est le bon mot, comme un pneu dont les lambeaux encore suintant d'huile et de chaleur gisent aux premières lueurs sur le bitume d'un bas-côté sordide. Et pourtant, le talus herbu, en pente douce, ne paraît pas si loin.

Une flèche vient de me traverser le mollet. Je ne saigne pas... Je suis un pneu.

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Pris

Publié le 5 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

5 septembre 2007

Je n’ai pas aimé ce changement

De rythme, la survenance brutale

De l’imprévu dans ma vie fœtale,

Alors m’a saisi l’agacement.

 

Je n’ai pas plus aimé la rupture

De ma solitude sanctifiée,

Qu’il n’aurait jamais fallu défier

En éparpillant sa tablature.

 

Alors je ne pouvais pas aimer

Les regards qui se posaient sur moi ;

Je ne pouvais percevoir en quoi

Ils savaient ma détresse, désarmé.

 

Je ne pouvais aimer être vu

Comme un enfant débile et austère,

Aux yeux de tous mis plus bas que terre

Pour l’évidence n’avoir pas su.

 

L’excuse du retard écartée,

Je détestai mon orgueil nerveux,

Mon perfectionnisme vétilleux

Tant qu’inaccessible et déplacé.

 

Je ne pouvais aimer cet orgueil

Qui a explosé un matin clair,

Tracé une plaie noire dans l’air

Et l’a clouée en croix de cercueil.

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Outre

Publié le 4 Septembre 2007 par Luc dans Contrôle (du 4-6 au 26-9-07)

4 septembre 2007

Depuis hier, je me meurs. Doucement, une douleur sourde et très supportable s’installe dans le creux de mon dos et me cause maints tourments. Mon corps alourdi se meut avec lenteur dans l’emballement de sa température. La chaleur du fumier qui m’entoure, dans lequel je disparais progressivement, fait bourdonner ma tête, et la respiration devient difficile. Les bras sont de plomb quand je m’essaie au moindre mouvement, alors je renonce pitoyablement. Ma tête n’ira pas se poser sur mes genoux, empêchée dans sa descente par l’outre luisante qui me sert de ventre endolori. J’y constate la présence d’une fenêtre, petite et brillante telle que celle que l’on peut voir sur les crânes des chauves, mais elle ne s’ouvre pas, juste une impression de lumière sur le fumier intérieur.

Je grouille, couine et grogne lorsque la douleur me tenaille d’une manière qui pourrait ressembler à de la faim si je n’étais déjà rassasié pour l’éternité qui m’attend. Le point sur mes lombaires est régulièrement frappé par un cœur extérieur, me force à pousser le bassin vers l’avant pour les soulager, faisant ressortir plus encore l’outre gonflée jusqu’à l’explosion.

Je coule, peu à peu, dans le malaise et l’ornière, dans l’absence de sommeil et la nausée, une panse ballotée dans les remous d’un tas de fumier.

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A nouveau devant le blanc

Publié le 3 Septembre 2007 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

22 janvier 1996

A nouveau devant le blanc, c'est sans aucun paradoxe que je me rappelle avoir oublié dans le ciel les traînées violacées qui striaient la masse obscure. Prémices de jour ? Ou plaies de mon iris ?

Je me souviens aussi de ce bosquet d'arbres qui me cachait du nord. Ma seule vue, ma seule attente résidaient à l'est... mais point de secours à espérer de ce côté non plus.

Là, ouvrant l'oeil en suppliant la mesure de lumière, ma pupille s'accroît démesurément, s'étrille à chercher. Mais non, pas de lueur. Simplement des toits humides et moussus éclairés, ou ombrés plutôt, par le lampadaire du coin de la rue, en lequel gît mon univers.

Plus las chaque matin, moins facile dans le mouvement, cette déstructuration progressive, alors que je serre mes mains à les rompre pour trouver la chaleur, ne me fait que te désirer un peu plus.

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