Maëlle

Une petite fille, trois ans à peine, me dit brusquement que je ne sentais pas bon. Je ne relevai pas et l’interrogeai sur le pourquoi de son affirmation. Elle répondit que c’était une blague mais m’enjoignait aussitôt d’aller prendre une douche. Là encore, je ne réagis pas, mais tentai de saisir les effluves malins en reniflant discrètement de mon groin déshabitué poitrine et aisselles, le sourire toujours planté aux lèvres, figé comme un couteau. La honte m’est coutumière, même devant une petite fille, même injustifiée par la réalité des faits.

Violence. La petite fille posa clairement et n’ânonna pas que j’étais « fragile ». A ce moment, mes yeux se piquèrent. Il ne s’agissait plus de gamineries scatophiles. Elle était dans le vrai, et ma réaction sénile tant qu’attendue ne laissait de me surprendre, moi, l’ordinateur froid et le comptable de la misère du monde (la mienne en l’occurrence). Elle venait de me planter, là, un surin dans le foie, un cadavre sous l’humus dévorant de la forêt aux senteurs de pourriture.

Je me suis éclipsé alors, pour ne pas lui donner le plaisir de sa victoire incomprise.

Je suis vaincu, et l’envie de mourir ne fut sûrement jamais aussi forte qu’en ce moment où je fus démasqué par une petite fille de trois ans, que j’aime, avec qui nous partagions la simplicité d’un rapport presque… filial… Que dire… Sa mère…