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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

La France forte

Publié le 16 Février 2012 par Luc in Non Amor Fati (du 26-10-11 au 4-5-12)

Alors c’est donc ça, le slogan du sortant pour la prochaine élection présidentielle, qui déclara dans l’écran TF1, l’écrin si fin de Bouygues, avec une emphase digne de Malraux : « Bah oui, chuis candidat ».

 

Ce slogan apparemment ferme doit cependant nous interroger, nous appeler à une analyse dépassant le strict premier sens « Je montre mes biscoteaux ». Que signifie être « fort » aujourd’hui ? Le printemps s’annonçant doucement, les vêtements vont de nouveau commencer à s’alléger jusqu’à la portion congrue pour la gente féminine à partir du joli mois de mai. Mais là, patatras, c’est le second tour de la présidentielle. Le slogan « La France forte » va résonner douloureusement dans les oreilles de l’électorat féminin qui cherche, justement, à ne plus être forte avec les prémices de l’été. La France forte pour une femme, c’est un peu une France au cul bas et culotte de cheval, dont les cuisses se touchent au dessus d’un abominable genu valgum. La France forte pour un homme, c’est un double-menton vivant, des difficultés à orienter, faute de visibilité en raison d’une ceinture abdominable hypertrophiée, le puissant jet d’urine matinal. La France forte effraye les femmes certes, mais les hommes de droite, souvent atteints de cécité quant à leur propre personne, s’en contrefichent.

 

Notre Président a toutefois songé que son slogan serait susceptible de le priver des trois quarts de l’électorat. Il veut éviter la débâcle annoncée en faisant bien comprendre les bienfaits dont il compte nous combler pendant cinq années de plus au bas mot, et nous a d’ores et déjà avertis : « Après cinq ans de moi, la France est forte hein, et ça Carla et Karl Lagerfeld y peuvent pas le souffrir, alors à partir de maintenant, hein, c’est régime sec pour tout le monde, surtout pour ceux qui bouffent mal, les chômeurs et les chtimis. D’ailleurs, y’a pas qu’eux hein, Karl il a même dit qu’Adèle elle était un peu grosse, et oui j’me tiens au courant, elle a gagné des granny Awards, des récompenses pour les mémés quoi, vous voyez bien que ch’fais des progrès en anglais, et ça, c’est grâce à mon ami Barack ». Etc. etc. Le reste importe peu, l’essentiel demeure, la France forte.

 

Ainsi la France forte, n’en déplaise aux chroniqueurs politiques mal inspirés, n’est nullement un programme, mais bien un constat destiné à justifier la cure d’austérité prescrite par les Doktors d’outre-Rhin. Mais attention, cela ne nous privera pas de détente, car tout se fera dans la culture de l’effort librement consenti et recherché, dans-la-joie quoi : Kraft durch Freude en un mot !

 

En quoi va consister cette cure promise ? Là encore, notre Président ne nous ment pas (il ne ment jamais d’ailleurs, car les rares fois où il se contente même de tenter de dissimuler quelque chose, cela se voit immédiatement à ses déhanchés d’épaules) : il va faciliter notre activité physique, le jogging NYPD, notre travail, celui-ci étant même érigé en valeur. Rappelons-nous que Kraft durch Freude s’appelait à la base Nach der Arbeit, appel résonnant dans nos cœurs et nos yeux embués d’émotion à la simple pensée de participer à l’œuvre de la Patrie, par notre travail, la protection de nos familles !

 

La valeur travail est la seule qui puisse nous libérer de notre carcan socialiste, dépensier, conservateur et empreint d’esprit fonctionnaire. Le poète ne disait-il pas Arbeit macht frei ? La beauté du travail, die Schönheit der Arbeit en traduction claire pour les lecteurs à qui cette organisation rappelle quelques souvenirs historiques, est notre terre promise.

 

NEIN !

 

 

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