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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

R109 Le nouveau décor de l'Université de Provence

Publié le 6 Mars 2013 par Luc in Non Amor Fati (du 26-10-11 au 4-5-12)

Nous arrivons avec A. à la faculté de Lettres d’Aix en Provence. L’entrée est telle que de coutume, mais en entrant dans le bâtiment, nous constatons un immense hall noir, des parois au plafond jusqu’au sol de béton ciré de la même couleur. Nous ne voyons qu’une seule source de lumière : il s’agit d’un puissant éclairage situé au centre de gravité du plafond. Malgré cette luminosité, l’atmosphère générale demeure sombre. C’est en accoutumant peu à peu nos yeux à la pénombre que nous pouvons déceler la présence des salles de cours, situées sur chaque côté du hall. Elles ont toutes une entrée similaire : des portes vitrées coulissantes de verre fumé, étrangement munies de poignées béquilles recourbées blanches sur rosaces également blanches. L’une d’elles s’ouvre et se découvre l’architecture de la salle de cours : il s’agit d’un amphithéâtre sans gradins, dont l’arène se compose de trois blocs de pupitres joints de quatre rangées. A gauche, deux colonnes ; au centre, six colonnes ; à droite, deux colonnes sûrement, mais je ne peux les voir d’où je me situe. A ce moment, une jeune femme assise au premier rang du bloc central se retourne et agite vivement la main en notre direction. Il s’agit de Céline M., la meilleure amie d’A. Elle nous fait signe d’approcher. Nous entrons en même temps qu’un troupeau d’étudiants qui se disposent hâtivement.

 

Peu après entrent sur le podium de l’amphithéâtre plat un professeur des universités et ses deux assesseurs. Ils prennent place avec solennité derrière leur haut bureau unique, de bois plein et massif, finement ouvragé et vernis. Leurs visages sont soudain éclairés par en dessous, des ampoules halogènes blanches invisibles à nos yeux devant être incluses dans le plateau du bureau, ce qui exagère encore leur air rigide et austère. A la fin d’un cours que je serais bien en peine de résumer, après y avoir été invités par le Professeur, quelques étudiants s’apprêtent à poser leurs questions, dont A. qui sollicite d’un signe de la main le micro déambulateur sans fil. Toutefois, d’autres étudiants probablement un peu anarchistes ou peu satisfaits du contenu du cours, commencent à provoquer du tohu-bohu. Je m’extirpe de mon pupitre, ouvre rapidement la porte coulissante et m’éclipse en même temps que les plus réfractaires qui ponctuent leur départ en multipliant des gestes, nous dirons de dépit vulgaire, à l’attention des professeurs et des étudiants demeurant sagement assis.

 

Parvenu au bout du hall opposé à celui par lequel nous étions entrés, je débouche en pleine nature, plus précisément au sommet arrondi d’une colline provençale doté de magnifiques haies de troènes, soignées à la française. Ce serait presque un jardin du même type si n’était la terre sèche et aride, laissant la poussière jouer avec le vent naissant. Après quelques pas dans le faux labyrinthe végétal, je parviens à un parking circulaire, entouré des mêmes haies, jonché de la même poussière. Y. est là, à ma demi-surprise. Il sent le vin, ce qui n’est pas du tout surprenant. Nous montons dans sa grande berline noire dont la conductrice n’est autre que Céline D.-S., ce qui est une vraie et grande surprise, elle qui fut évincée de l’entreprise par le premier cité voici presque deux ans. Elle me regarde les yeux brillants tandis que je prends place à l’arrière du véhicule, mais pas un trait de son visage bistre ne bouge. Je l’entends accélérer à fond sans changer sa position, en marche arrière et nous voici dévalant la colline cahoteuse de poussière et de cailloux blancs dans une C5 noire lancée à pleine allure en marche arrière. Les arbres, les haies, le ciel se confondent en une ligne hachée, irrégulière, d’une couleur incertaine. Je pose tranquillement ma nuque sur l’appui-tête, ma tempe sur la vitre fraîche, et regarde la ligne tressauter.

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