Humeurs

Le sommeil en guise de compagnie, j’imagine d’ici des hurlements et bonds décrochant le ciel puis le rejetant avec rage…

Départ ce matin à sept heures… Il est huit heures et demie et il neige quelque part entre Paris et Lyon. Ces blancheurs traversent l’horizon de part en part. Parfois, des murs de pierre enneigés obstruent un instant ma vue, mais ce n’est que pour faire ressortir l’extrême blêmeur, candide et aveuglante, du paysage mort. C’est donc dans un wagon à la limite du vide et dans une atmosphère de silence neigeux, brouillassant, que tout se terminera…

J’aime plus haut que mes forces, plus haut que le sol…

Nous venons d’arriver en Provence… Je vois la grande bleue dérouler ses iris ventés. De légers flots d’écume se soulèvent de la mer comme il y a de cela quelques heures, la buée congelée septentrionne s’évaporait de terre. Il me semble déjà retrouver ces odeurs marines et il me tarde de te voir avec moi, comme une première fois, de te sentir telle l’écume dans mes yeux, avec la rage de ce vent du nord qui m’amène en son sein. Les nuages se sont dissipés, la neige a disparu…

Rien n’est plus pareil, et ton visage souriant se reflète déjà dans les vaguelettes bleuitées de la Méditerranée…