La lune éclaire pâlement ma chambre et m’envoie l’image d’un concombre pelé, nu et naïf… Les toits pivotent sur le même axe que la lune, et cela est plutôt inhabituel : la terre se confondrait-elle enfin avec le ciel ?
Mais ce spectacle flou et vain n’enlève rien à ma peur.
J’attends le jour, pour que le travail mécanique, grisant et oubliant entre tous, reprenne sa longue course. Je suis régulier, masqué de part et d’autre par deux feuilles d’acier. J’ai construit ce couloir stupide. En suis-je plus heureux ?
La question du bonheur s’est résolue par la peur.
Entre loup et chien, je me sens calme et presque heureux, car le sommeil m’a quitté ; car la vie ne m’a pas encore réquisitionné. Alors je suis creux ; je suis cette larve, bougeant à peine sous les premiers rayons. Un état de bienheureux néant ?
Non ; la peur demeure, et égrène les heures avec de petites bouffées de fumée, comme celles d’un crématoire.