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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

gwellan war 1990-1991

Crématoire

Publié le 24 Novembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

La lune éclaire pâlement ma chambre et m’envoie l’image d’un concombre pelé, nu et naïf… Les toits pivotent sur le même axe que la lune, et cela est plutôt inhabituel : la terre se confondrait-elle enfin avec le ciel ?

Mais ce spectacle flou et vain n’enlève rien à ma peur.

 

J’attends le jour, pour que le travail mécanique, grisant et oubliant entre tous, reprenne sa longue course. Je suis régulier, masqué de part et d’autre par deux feuilles d’acier. J’ai construit ce couloir stupide. En suis-je plus heureux ?

La question du bonheur s’est résolue par la peur.

 

Entre loup et chien, je me sens calme et presque heureux, car le sommeil m’a quitté ; car la vie ne m’a pas encore réquisitionné. Alors je suis creux ; je suis cette larve, bougeant à peine sous les premiers rayons. Un état de bienheureux néant ?

Non ; la peur demeure, et égrène les heures avec de petites bouffées de fumée, comme celles d’un crématoire.

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Point G

Publié le 22 Septembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

Je suis moyen en tout domaine.

Il n’existe plus d’amusement

Me donnant l’impression d’exister.

Plus de peines ou de plaisirs,

De désirs ou de plaintes

Déchirantes de mièvrerie.

 

Je suis au milieu.

De la mêlée, sujet à quolibets,

En retirant tous les profits cependant.

De la décharge, lorsque j’attends

Que les lumières torchées s’éteignent

Enfin dans la moiteur puante.

 

Je suis un standard.

Celui qu’on aimerait être

Mais qu’on déteste tant pour sa fadeur

Que pour son apparente vitalité narquoise.

Celui auquel on se réfère dans l’abstrait,

L’ignorant en fin de compte…

 

Je suis au centre.

De l’idiotie : je suis un idiot.

De l’ironie : je suis violent.

De l’industrie : mon travail de propagande

Systématique et autocratique est cela.

De la mort du monde, qu’on me donne…

 

Enfer ! Je n’ai pas de femme !

Je suis à l’épicentre

De décharges foudroyantes

De solitude maniaque.

Et je crache, envieux, sur les niais

Qui pourrissent dans la facilité du couple !

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Homme

Publié le 21 Juillet 2011 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

Je suis faible, chaud ;

Mes jambes vacillent : lourdeur.

La respiration se fait difficile,

Des points au foie, au plexus.

Il est tant d’en finir.

Nous allons mourir.

 

Mon nez se desserre lentement,

Comme mon âme achève de s’élever ;

Je pleure… mais en éternuant…

La tristesse ne m’envahira jamais,

Car je dois bander mes muscles,

Pour savoir mourir.

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Rappel

Publié le 13 Avril 2011 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

Ah chienne ! Lorsque tout semblait s’améliorer, il fallut que tu me mandasses, me remémorant les épreuves, des plus pénibles, et les joies les plus grandes de mon existence [1].

Je sais que mon cœur demeure en ton absence un enclos d’une solidité à toute épreuve, mais vide et vitrifié, et ce malgré le temps qui nous sépare.

 

Nous avons vécu en anachroniques. J’appartenais à une époque certainement intemporelle, et tu évoluais dans une autre, plus pragmatique. Nous étions déphasés, mais le lien, parcourant les vagues du temps, qui nous unissait, parvenait à faire oublier ce décalage. Je n’ai pas oublié. Et je constate aujourd’hui que tu n’as rien rejeté non plus. La douleur n’en est que plus grande.

 

Ta simple proposition, « Un café ensemble ? », résonne traîtreusement entre mes tempes, comme une invitation à la chute, une dangereuse rencontre [2].

Je souhaiterais te rayer, comme je l’ai écrit tant de fois, mais le seul son de ta voix m’en dissuade…

 

 

Quelle faculté n’ai-je donc pas de faire semblant de tomber encore amoureux, et de surcroît en m’y faisant croire moi-même ! Ah ah ah !



[1] Le retour de Béatrice Jourdan, presque deux ans jour pour jour après notre ultime rupture.

[2] En référence directe à l’œuvre du même titre d’Ernst Jünger.

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Toi, qui provoques ma fin

Publié le 15 Décembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

22 septembre 1991

 

Tu ne te souviens pas de ce que tu as fait ou commis la veille au soir… Tu ne sais plus quel était ton visage à ce moment là. Tu es mort.  

 

Tu te penches vers le sol où s’écrasent en général tes espoirs… Tu vois que ce sol est comme un miroir, puisque c’est ton image qu’il renvoie. Tu es mort.  

 

Tu te relèves ; la tête te tourne affreusement. Alors, rêvant de vertes collines et de jours sereins, dans la tempête de la bataille qui fait rage entre ta raison et cette envie de boire, tu vas te recoucher dans ton lit empestant la sueur. Tu es mort.  

 

Allongé, tu es dans cette position merveilleuse. La tête est douce, quelques larmes pourraient même couler tellement la sérénité t’est inconnue. C’est normal, comme le prémisse de ta mort.  

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Identité

Publié le 14 Décembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

13 novembre 1990

 

Ce soir encore, j’ai joué le bienheureux. 

J’aimerais mourir. 

Je m’identifie à une identité qui est peut-être mienne, 

Mais le doute demeure présent. 

Rien ne peut m’empêcher de penser 

Que je me leurre. 

Je me trompe, je ne suis rien. 

Le mensonge m’est précieux pour la survie ! 

Points de scandales, de ruminements, 

Ma haine est normale, ma haine joue dans l’ombre.  

 

Mais je me sens me dissiper sur ces faces amovibles 

Interchangeables et bestiales. Je pourris sur place. 

Je ne suis rien. O dieu, je suis ta créature, 

Mais pourquoi m’as-tu aussi mal conçu ?  

 

Tu fais mal à quelqu’un que je ne connais pas. 

Tu ne m’atteins pas. Les scènes du silence 

Ne me touchent pas. 

Trouve autre chose pour blesser quelqu’un ! 

Je trouverai la blessure. Je vais mourir. 

Je dois mourir. 

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La belle Maëlle

Publié le 29 Novembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

Une chanson pour une fois un peu plus légère qu'à l'accoutumée... Le travail collectif y aida sûrement en ce 16 août 1991 !

 

A Penero, un bar y est placé ; 

La belle Maëlle voudrait bien y aller mais 

« Non non ma fille, tu n’iras pochetronner ! », 

Rentre dans sa tente et se met à chialer…   

 

Arrive Erwann sur son vélo rouillé. 

« Qu’as-tu Maëlle, qu’as-tu donc à chialer ? » 

« Ma ronde mère n’veut pas que j’aille rider ! » 

« Mets ta haute coiffe et tes sabots cirés ! »  

 

Et voilà Fiou [1], il est venu mater ; 

Arrive Bruno [2] avec la Renault ! 

Aller mon gars ! Sers nous donc un Pernod ! 

La belle blonde, elle pour le Jeannot [3]

Et Marie-No [4], elle est pour Juan-Luco, 

Et Kerhervé [5], il est encore bourré !  

 

Ils vont au bourg, aller batifoler… 

Dans la nuit noire ils voulaient se vautrer mais 

La belle Loulette [6] avait déjà squatté ! 

C’est à Brouel [7] qu’ils se sont envasés… 

La roue derrière, elle est passée devant ! 

La roue devant, elle est passée derrière ! 

Le muscadet, il est tout renversé, 

La coiffe bretonne est toute ébouriffée, 

Ce con de maire est tout emboucané ! [8] 

Dans les varec’h, on les a retrouvés…  

 

C’est au Bilic [9] qu’on les a ramenés… 

C’était l’histoire de jeunes île d’arzais…  

 

                                                Luc Tironneau, Jean Gueron, Pascal Gueguen [10] 

 



[1] Philippe, vieux capitaine, mort d’alcool. 

[2] Bruno Kersuzan, marié à Nadège, propriétaire du bar et ami de gens comme les Têtes Raides, La Tordue ou Les Barking Dogs… 

[3] Jean Gueron, Marseillais devant l’éternel, ayant eu son MSTCF en révisant la veille à l’aide de deux bouteilles de Cognac, ancien fondé de pouvoir chez Indosuez, etc. Impressionnant ! 

[4] Très jolie brune filiforme aux allures de danseuse sur laquelle flashait mon cousin Jean-Luc (Juan-Luco) avant son coming out. 

[5] Ile d’arzais typique. 

[6] Ma sœur Laurence. 

[7] Plage « funboardeurs » de l’île d’Arz. 

[8] Les relations entre la mairie et notre clan sont faites d’hostilité depuis le début des années 1970 ! 

[9] C’est la décharge de l’île ! 

[10] Chanson collective chantée par Jean (Jeannot) et Laurent sur le comptoir du Bar de la Fontaine, déguisés en Zize et Felli. A chanter sur l’air de « La belle Zize », bien connu de tous les Marseillais (« Aux Aygalades, un bal y est donné… »). 

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Ecoeuré

Publié le 28 Novembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

9 octobre 1990

Mon âme brûle, comme mes yeux  

Qui revoient dans le noir total 

Les impressions du vide. 

Un amour de vacances, 

Une jeune fille vacante en tint lieu [1]

Elle n’était pas encore flétrie 

De réalisme, subjuguée par ma froideur, 

Mais je n’ai pas eu le peu que je voulais ; 

Mes désirs sont devenus plus petits, 

Plus bas à mesure 

Que mes pieds touchaient la terre plus encore… 

Mes rêves ont appris à se taire 

Dans la nuit devant la réalité. 

Mon cœur a dû se soumettre 

Après ses incessantes défaites. 

Je suis écœuré. 

Que n’existe-t-il pas quelque chose de haut ?! 

Je suis écœuré. 


[1] Anjela, une dernière fois… 

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Gerbe

Publié le 10 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

30 juillet 1991

 

Une soirée de plus, où la ronde des verres 

Remplaça les paroles futiles, 

Qui me vit plutôt silencieux, 

A l’écoute et à l’intelligence 

Des autres verres, piètrement stylisés. 

Nous fûmes bons, ressentîmes clair 

Ce peu de douleur qui nous fait exister, 

Ainsi que le peu d’amour 

Se dégorgeant de nos hypocrisies continues. 

Nous vomissons. 

Nous devenons pierre friable. 

Nous nous gerbons. 

Nous devenons presque… aimables… 

Haïssables. 

Malades à crever. 

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Sommeil

Publié le 9 Octobre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1990-1991

10 août 1990

 

Avancer un peu plus, encore un peu vers un vrai sommeil. 

L’horizon se retire, humble dans la nuit 

Que je ne fais qu’apercevoir. 

C’est un flou qui domine, sans réelle densité.  

 

Et je m’évapore moi-même en son sein mielleux 

Qui m’en fait souvenir d’autres, plus joyeux… 

Martèlement, glissement vers l’horizon 

Où crabes et ivrognes iront s’enliser dans quelques heures.  

 

Il n’est plus qu’à patienter ; ce ne sera plus long. 

Tout ralentit ; le vent lui-même cesse d’affoler les moustiques 

Qui redoublent pourtant d’efficacité meurtrière.  

 

Le marais asséché est proche, et les sables des cafés 

Le comblent aisément. Boire un peu plus, 

Encore un peu pour accéder au vrai sommeil. 

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