NDLA : ce texte est dédié sur le fond à toutes les jolies hôtesses de caisse, à qui l'on peut offrir des poèmes plutôt que des noms d'oiseaux ou des trépignements d'impatience. Sur la forme cette fois, il ne s'agit pas réellement d'un quatrain mais bien d'un quinquin puisque chaque vers compte quinze pieds, soit trois de plus qu’un alexandrin ; donc avec un quatrain, cela me donne cinq alexandrins, par l’application d’une règle arithmétique toute simple. Voilà voilà voilà...
Tu ne me connais pas... Mais en cette soirée fatiguée,
Tes regard et sourire joints dans une subtile alliance
Ont déclenché dans ma pierraille une subite fragrance,
A ton image magnifique. Je suis dès lors sur ton gué.
Observation des censeurs : « La structure de ce quatrain, pour en être originale, n’en demeure pas moins non orthodoxe et peu instructive pour les jeunes générations. En outre, nous noterons que dans la décomposition issue de l’exclusion des trois derniers pieds de chaque vers, la rime alexandrine se révèle bien pauvre : une bien triste allitération entre « soirée » et « lors », à laquelle il conviendra de préférer la rime riche embrassée « une sub » des deuxième et troisième vers. Le maniement sophiste de l’allitération se retrouve dans la décomposition des trois derniers pieds de chaque vers, car correspondant à la rime en quinze pieds... » Etc. Etc...
Je ne sais plus trop que penser... (Rire) En faisant des vers à quinze pieds, un peu truqués, démolis, ravalés, cravachés dans ma gueule farcie, il semble une humanisation, une raclure de sentiment. Oh j’essaie bien de me dire, de m’affirmer qu’elle n’est que belle, ou même ne correspond qu’à mes critères de beauté... Mais le sensitif est le plus fort : j’ignore pourquoi, mais il faut que j’en tombe amoureux, en commettant les grossières conneries liées à cet état peu enviable... Des poèmes... Une chanson... Le ridicule devant l’œil mouvant de chacun. Demain, j’irai lui porter mon petit mot lycéen... Faut-il n’avoir rien à perdre ?!
Je t’enverrai mes bêtises, dont certaines te feront mal (ce serait bien), ou t’indifféreront plus sûrement (tant pis)... Personne n’y comprendra rien d’ailleurs. Une seule personne au monde, que je ne connais pas, aura su entendre mes déclamations sans intérêt : ce n’est autre que ce moi insipide de la date mentionnée en haut à droite, qui me concurrence, que je hais...