Nécro Jérôme Cahuzac

Jérôme Cahuzac est mort ce 2 avril de l’an deux mil treize, noyé dans les larmes de crocodile lors d’une séance d’aveux publics tellement américaine.

Je m’en réjouis absolument.

Bon la nouvelle en elle-même mériterait à peine que l’on s’y arrête, mais le battage médiatique l’accompagnant me contraint à devoir m’étonner de l’étonnement causé par cette petite affaire. Pouvait-on en effet s’attendre à autre chose de la part d’un homme de droite ?

Je n’ignore pas le caractère provocateur de la question puisque l’intéressé était semble-t-il socialiste. Socialiste ? Mouais… Regardons-y à deux fois :

o       Cahuzac était chirurgien, spécialisé dans la chirurgie esthétique, particulièrement les implants capillaires, dont nous savons qu’ils sont l’espoir de toute la masse ouvrière et précaire sujette à la calvitie précoce ;

o       Cahuzac, par ailleurs marié à une dermatologue de renom, habitait un modeste appartement avenue de Breteuil dans le VIIème, arrondissement reconnu pour ses efforts en matière de logements sociaux ;

o       Cahuzac adorait certes la boxe et le vélo, mais aussi pratiquait le ski, le tennis et le golf, sports très appréciés également des couches les plus défavorisées de la Nation ;

o       Cahuzac est amateur de cigares (si j’en crois Wesfreid de l’Express) et collectionne les montres de luxe : comme Julien Dray ! Un autre parangon de moralité situé très à gauche ;

o       Cahuzac était membre du Cercle de l’Union Interalliée (comme Nadine de Rotschild, Stéphane Bern, Balladur, de Silguy, Weinberg, VGE, Lellouche et j’en passe), marquant ainsi son ancrage profond à la gauche de la gauche ;

o       Cahuzac est membre du Grand-Orient de France, dont nous savons tous la contribution en pleine transparence à l’honnêteté de la vie publique, la lutte contre les pratiques népotiques et les bras tendus vers les masses laborieuses ;

o       Cahuzac, après avoir exercé au Ministère de la Santé sous le règne despotique, dictatorial anti-fumeurs et hygiéniste jusqu’au fantasme de Claude Evin, eût soudainement l’idée, vraiment venue ex nihilo, de monter une petite SARL en 1993, « Cahuzac Conseil », exerçant exclusivement comme conseil pour l’industrie pharmaceutique (alors qu’il était chargé précisément d’assurer l’interface enter le Ministère et la Direction de la Pharmacie et du Médicament !). Activité où il a encore augmenté sa fortune personnelle ;

o       Cahuzac a été condamné en 2007, mais sans peine ni inscription au casier judiciaire, pour avoir employé au black une soubrette des Philippines sans papier pendant plus d’un an entre 2003 et 2004, mais quel ménage ouvrier ou employé n’a pas déjà commis ce genre de petite bévue, souvent d’ailleurs par manque de connaissance des textes applicables en la matière, confus, empilés, incompréhensibles de l’honnête homme de Montaigne ?

o       Cahuzac a été le sympathisant de l’aile la plus cryptocommuniste du PS : Rocard, Jospin puis Strauss-Kahn (un autre exemple de moralité politique) avant de rejoindre Hollande (non pas le pays en vue d’une évasion fiscale, notre Président…) ;

o       Cahuzac a reconnu lui-même avoir un compte en Suisse depuis 1991 sur lequel figure la bagatelle de 600 K€ (pile-poil ce que j’aimerais mettre dans l’achat d’une villa pour ma famille, c’est-à-dire pas grand-chose finalement). Il a écrit : « J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600.000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris. ». Le compte a donc été abondé pour la dernière fois en 2001, époque où il travaillait d’arrache-pied pour la campagne victorieuse de Lionel Jospin, uchronie supposée ?

Bref en un mot comme en cent : je ne vois rien de gauche dans la vie de M. Cahuzac.

M. Cahuzac était donc à l’évidence un homme de droite, égoïste et auto-satisfait n’ayant comme seule conception de la citoyenneté que sa sécurité et son intérêt personnels.

Pouvait-on s’attendre à autre chose qu’une tentative d’évasion fiscale de la part d’un homme de droite ?

Ni rires ni crachats.