Dans un appartement imaginé, je viens de vivre ma mort proche, le quotidien devenant insupportable. Tout est blanc, et seule ma silhouette sombre monte vers le plafond. Immobile. Soucieux de l'apparence jusqu'en ces derniers instants, je ne veux en aucun cas être découvert putréfié. Pour une fois, l'objet servira ma cause, et la technique moderne en fournira le moyen : un message sur le répondeur téléphonique.
La phrase sera prononcée calmement, sans respiration suffoquée ou larmoyante (trop romantique). Je dois veiller à sa conception, ne pas m'ériger en martyr que je ne suis pas. Il me faut la penser consciencieusement et fouiller en mes tréfonds pour connaître la cause vraie et déterminante de l'acte volontaire.
Au bout des comptes, progressivement, les solides mobiles m'entourant ont provoqué l'affaiblissement. A eux, j'adresserai donc avec humilité (tout ce dont j'ai besoin) et sobriété (la clarté du message ne saurait s'encombrer d'images obscures) mes derniers bons mots :
Luc T. est mort. Il a dit : "L'objet et la chose, couple terrible s'il en est, auquel je me suis tant de fois heurté, ont finalement gagné la guerre - Celle-ci est... finie".