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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Sredi bojev

Publié le 25 Mai 2010 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Entendant le bruit des combats au dehors mais terrassé par la fièvre, j'assiste impuissant à l'avancée du broyeur. Il est toujours difficile d'admettre, alors qu'à l'article de la mort, l'on ne soit pas la cible principale des attaques d'autrui.

La bile affleure à la luette, que ces ennemis n'entrent pas maintenant pour me percer de cent coups de baïonnettes. L'hypogastre se ressent de l'immobilisante pathologie comme s'il avait participé au combat, lardé de chocs. Je suis endolori en n'ayant pas agi. Le soleil brille sur ma maladie, annonciateur de vie... mais semble aussi accélérer la putréfaction de mon aisselle gauche, dans cette odeur dont je ne sais plus très bien, dans le flou, s'il s'agit de celle du sexe ou de la pourriture.

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Douleur

Publié le 22 Février 2010 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

 

Cela faisait trop longtemps… - ricana-t-il – Cela ne pouvait pas durer… Lorsqu’il s’allongeait là, une nappe de feu le recouvrit, mais un feu mou, qui ne l’embrasait que petit à petit, en insoutenable torture. Chaque bouffée d’air inspiré l’attisait. Cesser de respirer étoufferait à coup sûr le feu, mais provoquerait la mort encore plus certainement. Alors il fallut se résoudre à la souffrance. Il se rappela, grinçant, la phrase romantique d’une chanson médiocre tirée de « La Muse Vénale », le goût du sang dans la bouche fait souvent crier… Il rit presque, si le moindre tressaillement, tressautement ne ravivait pas le feu qui le consumait de l’intérieur.

 

Un appel de l’extérieur, alors que la sensation âcre d’un liquide acide de vapeur lui asséchait les papilles, vint l’obliger à se plier en deux s’il y accédait. Après avoir hésité une seconde, il s’exécuta et répondit. En toute autre circonstance, le plaisir eût été à la clef, mais là, empêché absolument de se plaindre, il ne pouvait témoigner que d’une grande froideur, en souhaitant par ailleurs que cela n’entraînât point trop de conséquences. Il préféra donc couper court à la discussion, se rallongea… et la douleur le rappela.

 

Rythme : muscles tendus à se rompre, les dents prêtes à exploser sous la pression ; puis relâchement des mâchoires, tendons débandés, tremblant comme une feuille ; crampe ; renoncement, en s’écoulant, liquide. Décharge majeure de douleur. Le feu retombe.

 

La lumière s’alluma et il opéra un demi-tour sec, accueilli par le pouffement d’une personne. Il maudit la lance de feu et se retourna, transpercé de part en part par la douleur, fidèle compagne de ses nuits.

 

Mais cette fois là, elle ne le quitta pas au petit jour ; elle se réveilla avec lui… Elle fit un bout de chemin, sembla l’avoir enfin laissé… Mais non, elle devait être allée acheter des cigarettes, grimaça-t-il lorsqu’elle se réinsinua en lui, le ventre grognant sous l’assaut, ne sachant plus exactement s’il s’agissait de l’apparition de la faim, ou de la douleur qui bordait son lit en son sein. La douleur ronfle, ne peut donc se faire oublier.

 

Il sait qu’il va finir par ourdir une trame contre elle. Située à l’estomac, il va la prendre à revers.

 

Il se dirigea vers le tiroir sans poussière, sortit l’arme, l’accola à son front, bénie soit sa froideur, puis en porta le canon dans sa bouche. Alors…

 

Il la reposa, dépité… tellement indifférent à toute chose que commettre un acte positif lui eût semblé déplacé… Alors… il va bien falloir continuer à nourrir ces relations sporadiques avec cette amie bien encombrante.

 

La douleur n’est pas un mérite, ni un fardeau. On vit avec… affectio societatis cum doloris.

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Mort

Publié le 2 Novembre 2009 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Un petit événement se faisant jour dans l'indifférence, il est naturel que je l'aborde simplement. Il est mort, et comment avouer que seule la dévolution de ses biens m'a affecté après la sensation d'extrême soulagement qu'a provoquée la nouvelle?

Cela me rappelle un autre décès, dont je crus un instant qu'il eût pu m'apporter la gloire. En cet été, il y a de nombreuses années de ça, je m'alanguissais à la terrasse d'un café quand une jeune fille m'aborda, interrompant le triste cours de mes impensées. Elle se révéla comme vendeuse d'une revue belge de poésies, « Le crayon mordu » ce me semble. Extirpé de ma torpeur, je m'intéressais incontinent à l'ensemble composé de la fille et de la poésie, sans arrière-pensées. Nous eûmes une conversation sympathique, comparâmes ainsi nos goûts désolés, bienqu'à mon habitude, en pratiquant cette maïeutique indigne, je monopolisai le dialogue et l'on ne pouvait guère recenser qu'un sujet unique : ma propre personne, telle que je l'eusse voulu être, et non mon être en lui-même. Sur ce, nous nous revîmes le lendemain, et je lui offris mon livre. Elle venait du nord ; une fois son travail saisonnier achevé, elle s'en devait retourner. Si fait, sans aucun échange d'adresses, une rencontre lettre-morte.

Un ou deux mois plus tard, sonnerie de téléphone... Sa mère... Aparté plein de médiocrité : ce n'est pas moi qui l'ai mise enceinte... Il ne s'agit pas de cela : cette jeune fille, dont je ne me souviens même pas du prénom, s'est suicidée... mon livre sur le rebord de sa table de nuit ouvert sur « Doublicide ».

Là, je réalise que cette mort ne m'a pas causé de peine. La voix douce de cette femme ne comprenant pas le pourquoi des choses, hébétée ou choquée, non plus. Tout m'était étranger, sauf un détail : ce livre, que je méprise autant que moi-même, avait pu concourir à la mort. Cette possibilité me remplit d'aise, songeant cependant immédiatement après que je suis trop lâche ou paresseux pour en faire de même.

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Dangereux oubli

Publié le 20 Août 2009 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Un seul réveil, parabolique et dérangé, puis la course, aussi rapide que l'oubli. Interruption par un éclair de mémoire, ou par une chute. La jambe doit saigner. Je devine, dans le retour du verbe, la tache s'élargir sous le tissu. Mais il faut continuer, l'oubli m'y oblige, cet oubli qui m'a frappé la veille et me fait courir aujourd'hui pour rattraper la faute. Le point à la cuisse se diffuse, répartiteur de douleur...

Mais j'arrive : des visages souriants, bon enfant, me tancent gentiment de mon insouciance. Soupirant, je ne peux leur répondre que le coupable est l'oubli, car là, assis, ma tête penchée sur le côté... un peu trop peut-être... ce que nul n'a remarqué. L'oubli, vaincu, sans conséquences, vient de me briser les vertèbres...

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Bleu de gris

Publié le 18 Mai 2009 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Pendant le sommeil, le monde a-t-il été passé au travers d'un filtre bleu acier ? Les yeux sales, les canaux bouchés et ne sentant plus battre le coeur, il faut se dire qu'il s'agit peut-être de la mort. Les immeubles luisent, phosphorent cet étrange reflet bleuité des matins succédant aux soirées Gin-Curaçao indigo. Je n'ai que rarement senti ma main aussi lourde et fébrile. Alogon, logicon, ontos, irrationnel, raison et Dasein : les trois parties de l'âme se fondent ensemble dans ce bleu de plus en plus métallique, comme cette pointe de fonte qui m'empale... maintenant. Orgie dégorgée, manque d'horizon et... retour au calme. Il me semblait bien aussi... Le bleu est en train de virer au gris...

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Catharsis de luxure

Publié le 14 Mai 2009 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Deux phénomènes, par lesquels j'ai été soumis à la catharsis des passions.

 

A défaut de se réconcilier avec l'humanité, il a été du moins possible d'en faire ainsi avec la nature. Des petits chemins escarpés, recouverts d'une traître pierraille tour à tour bordée d'ornières boueuses ou se cachant perfidement sous un lit de neige. De grandes flaques où nous pataugions gaiement, vite... L'effort, qui m'a toujours possédé, se faisait moins astreignant et rageur, mais débarrassé de ses contraintes usuelles, par la diversité du panorama, et, pourquoi ne pas l'avouer, par sa beauté.

 

Puis, intempérance et incontinence. Une scène tragique d'adieu...

 

Une grande jeune fille brune, aux longs cheveux bouclés, souriait de son teint diaphane comme l'explosion d'un monde. Elle annonça à l'homme qu'il pouvait venir la voir aux States quand il le souhaiterait. Pure politesse... fit-il en aparté. Elle ajouta qu'elle-même serait de retour en France vers le mois de mars. Il répondit alors tout haut : Je pense que nous ne nous reverrons qu'alors, votre retour précédant de loin ma possibilité de venir vous visiter en Amérique ! Elle découvrit encore ses deux magnifiques rangées de dents, et avança son visage pour les bises traditionnelles. Réalisant soudain qu'elle était plus grande que lui et mettant cela sur le compte d'éventuels talons, il se prit à songer que finalement, ce visage était porcin.

Elle prêta sa joue gauche, qui fut embrassée, et alors que les visages pivotaient senestrement, au passage s'accomplit un baiser joignant les quatre lèvres brûlantes, pour s'achever sur la bise donnée à la joue droite. Elle sourit encore...

Regardant l'amant de la jeune fille disparaître sourdement dans un halo éthéré, quand il se tenait derrière elle, à peine à deux mètres de là, insoucieux et ignorant de la duperie, malgré son ample mèche blonde et son visage mal rasé taillé à la serpe, l'homme se dit : Quelle confiance en moi ! Quel goût du risque ! Je ne m'en serais jamais cru capable...

 

Une assurance conquise sous les draps

appelle une autre luxure... sous d'autres draps.

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Ethique à... nik ommok !

Publié le 19 Janvier 2009 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

J'ai passé tant de temps à attendre le soleil... que je ne pouvais me douter de la désillusion qui me frappe aujourd'hui. Le ciel est bleu, l'astre roi brille, annonés sur un rythme et un refrain scolaires par la voix braillarde et fausse de petits niais. La souris, qu'on se le dise une fois pour toutes, est grise, ou blanche, mais certainement pas verte.

 

Le Père Noël n'est qu'un grotesque obèse, déguisé pour faire marrer les petits abrutis précités, qui n'ont d'ailleurs jamais cru en son existence. Ils tirent insidieusement avantage que les parents, oublieux de leur jeunesse dans un gâtisme précoce, pensent que leur progéniture demeure persuadée qu'il va descendre par le conduit de la cheminée ou du chauffage central, voire par le radiateur quand la chaudière est individuelle. Alors les parents offrent des cadeaux... Peut-on s'étonner de la stupidité des enfants lorsque l'on constate celle de leurs ascendants ?

 

Alors le discours post-socratique...

 

- Sinon... la santé? demanda Swcrathx.

- On fait aller... moyen, répondit Lucos.

- Le boulot ? insinua Glaucwnos

- Moyen...

- Le rôti de veau ? plaisanta Aristofanos.

- Moyen... fit encore Lucos.

- L'air que tu respires ? L'eau que tu bois ? s'écria Adimanthx.

- Moyens...

- Le bon de ton âme ? s'enquit Platwnos, plein d'inquiétude.

- Moyen... rétorqua Lucos, sombre.

- Ton intérêt pour la vie ? lancèrent Sofia et Ontos, thèse et antithèse de Lucos

- ... moyen...

 

Tout est donc parfait, sans surprises, baignant dans une douce médiocrité, dont il faut se contenter.


Tout est donc pour le mieux. Qu'il est bien de sentir bon (ou l'inverse avec forme pronominale pour le verbe "sentir", quoiqu'il en soit, cela ne signifie rien... un peu à l'image de la naissance...).

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Lyon

Publié le 30 Octobre 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Une nuit vide et creuse comme le monde. Le vent tourne, dans l'alternance de la neige humide et de la sécheresse d'âme. Il semble souffler de l'ouest, mais j'ai eu beau inciser au bistouri mes narines dans le sens de la longueur, pour mieux sentir, je n'ai pas pu humer une seconde les parfums des embruns, les relents d'iode et les marais frémissants. Trop loin de l'océan sûrement...

Lyon n'a pas d'odeur... Je brûle régulièrement une partie de mon corps pour m'assurer que j'y vis encore. Lyon n'a pas de douleur...

Les yeux pétris d'une haine affectée se portent plus souvent sur le pavé. Je crois reconnaître comme frère chaque centimètre du terrain accompli chaque jour. Je suis le gravier de ciment, et je me foule indifféremment, en vain, sans odeur ni douleur.

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Rêve de désert

Publié le 22 Octobre 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Revenu au désert, dans les faubourgs, je marche avec Ali, et nous entendons des cris : Le simoun ! Le simoun ! Avec dépit, je dis : Encore se mettre sous une tente...

Les dromadaires sont couchés, et les hommes s'activent à recouvrir de tapis une basse armature boisée. Une femme entre. Je la suis, mais il y a quelqu'un en trop, qui n'a pas le droit d'être ici, aux dires du chef. La femme, de type européen, sait qu'il s'agit d'elle, et comme contrite elle fait mine de se lever, je la précède et sors de la tente, seul. Quel acte d'héroïsme ! Dont j'eusse pu attendre mieux... Je jette un dernier coup d'oeil synoptique aux deux rangées d'hommes et d'une femme, et le dernier tapis tombe, univers clos donc...

Sentant le simoun venir, je vais au bar, où se trouve Ali. Sombre, je lui confie, en pointant les flippers et autres : J'attendrai le vent caché ici, derrière le jeu électronique. Ali, attablé, courbé et étreignant son verre comme Bogart dans Casablanca, laisse échapper dans un soupir souriant : 'R'taï... Je lui réponds : Ch'tem, renonce à mon idée, et ressors.

Je marche alors sur le goudron frileux, avec Arnaud et le Ventron, pieds nus et en caleçons de bain. Les jambes énormes et velues du Ventron me hantent. Je m'étonne : Les jours ont beau passer, il fait frisquet tout de même ! Ils me répondent que tout va bien. Moi, vêtu et gelé, je crache de dépit, et, me retournant, vois deux prostituées se livrer au rituel oriental de l'épilation, dans une voiture toute proche... Est-ce pour cela que tout était censé bien aller ?

Oublier ses envies et pulsions, demeurer maître de soi, et que le vent du sud, brûlant et chargé de sable, nous enterre tous... Je me succède, dodécuplé, ivre de mépris et de dégoût.

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Da garout a ran

Publié le 20 Août 2008 par Luc dans Humeurs froides (du 2-1 au 23-3-96)

Sombre et trempé dans une sourde aridité, je m’en retourne vers les visions de la pluie, droite, drue et déferlant sur les toits noirs de suie ; je demeure interdit ha da garout a ran.

 

L’orgie de l’eau sale qui suinte sur les murs, à laquelle je fus par malheur invité, se déroule, court les gouttières avec langueur, araog da ziskleria va gwad, da garout a ran.

 

Je m’élève dans l’air et songe à un retour, une aubaine que personne n’a souhaitée, celle qui ne sait eget hi garout a ran.

 

Mais je retombe à terre et couche enfin ma tour, devine que je ne suis rien par-dessus tout, pas même pour celle eget he lazhañ ma halon.

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