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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

gwellan war 1988-1989

Agression

Publié le 23 Novembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Course contre la nuit,

Course contre la pluie,

Enfin parvenu au refuge…

 

Mais la clé ne veut pénétrer

Sa promise serrure.

Il serre sa main gantée

Puis une voix dure

Lui plante son couteau

Entre les omoplates.

 

Que cette voix le dévête,

Lui retire son heaume…

 

La peur le prend,

Les membres frémissent,

Encore une prémisse

A la crise étrange.

 

Mais elle n’arrive pas ;

Il demeure passif,

Se laisse dépouiller

Sur le pavé en récif,

Le torrent impétueux

D’une pluie sablonneuse…

 

Alors la tête basse, il rentre,

Regardant la honte

De son visage lâche

Sur ce sol de taches

Informes de flaques

Perdues dans les cloaques

De l’onde qui les transperce,

Planté devant la herse

De l’anti-réaction,

De l’autre action,

Celle du néant,

Du rien dans le temps…

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Inhibé

Publié le 15 Novembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Il est froid ce soir…

Inhibé, un peu comme d’habitude…

On ne résout rien,

Parler dans le vide,

Et à soi seul.

Ouvrir les chances, les portes.

Closes.

 

Les doigts s’écoutent sur le papier

Comme sur un corps.

Griffer la réalité des vingt-quatre heures.

Le soin maniaque

Apporté à l’accomplissement de l’acte.

 

Rencontrer l’alcool

Dans son oublieuse rêverie…

Sublime… atteinte…

Car je ne rêve plus,

Ni ne m’illusionne.

Mon corps rétrécit,

Devient trop petit pour mes organes.

Je serre les dents,

Maux plaisirs s’y accompagnent.

Pieds en contorsion perpétuelle,

Selon les mêmes mouvements que les mains.

 

Les yeux plantés au plafond,

La nuit est plutôt longue,

Seule ou non.

Exténué, déréliction.

 

Je pourrais mourir… à…

(J’avoue ne plus savoir à quel temps conjuguer, ou quel verbe d’état accrocher à ce verbe maintes et trop de fois employé !)

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Panache

Publié le 19 Septembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Lorsqu’achevait de résonner

Le son difforme du verrou

De la dernière porte close,

Surgit alors de l’horizon

L’atrocité…

 

Elle s’extrayait avec peine

Des langueurs de l’esprit nocturne ;

Le vent s’éteignit avec la lumière,

Deux yeux phosphorescents

Dans l’obscurité de la ville morte

Apparurent…

 

Si faciles à déchiffrer

Dans l’anesthésie des portes,

Une légère fumée,

Quelques bruits informes,

La rosée évaporée,

Les afflux du dégoût

Accroché de ses mains sales

Aux rejets bileux…

 

Le cauchemar de deux oiseaux

Perdus dans cette colonie,

Perdus dans ce ciel sans ciel,

Avec ce langage sans monde,

Avec ce monde sans langage et sans limites…

 

Juste un arbre immobile,

Pétrifié par le néant…

 

Juste une montagne

De souffrances séculaires

Dont les acerbes crêtes

En montrent l’inutilité ;

Un panache de pleurs

Tombé par la hache de la pluie,

Dans les crachats des cieux,

Sur les lâchetés de la terre…

 

Obsolescence de la verdure…

 

Juste un coin sûr,

Entre les quatre murs…

 

Les larmes entre les fenêtres

Recouvertes de buée tourmentée…

 

Tous ces êtres ! Tous ces êtres ?!

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Que peut-on tuer ?

Publié le 9 Septembre 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Avant que la fin sonne,

Je veux simplement dire

Que tout se sait, tôt ou tard.

Mes oreilles bourdonnent encore

Des mensonges et de la médisance.

J’ai perdu mon talent

Et je n’ai plus qu’à mourir,

Médiocrement puisque cela

Ne peut être qu’une bien meilleure finalité

Que ma propre petite vie.

J’ai trop menti à mes chances,

J’ai trop phagocyté mes donateurs…

Je les ai détestés, méprisés,

Me suis joué d’eux

Comme l’on se moque d’un mongolien.

La vision du verre brisé dans mes yeux

A déformé l’impact de l’autre sur moi.

Je fus brisé,

Détruit,

Puis brûlé.

 

Mais la mort délivre !

Ce n’est pas un tunnel

Pris à une vitesse vertigineuse,

Peuplé de vermine et la lumière au bout ;

Cela est la vie, pas la mort.

 

Ceux qui reviennent de la mort

N’ont en fait vu que la vie.

On ne peut tuer que la vie,

Mais pas la malchance

Ou le désespoir.

La seule erreur fut de croire

Que je n’étais ni supérieur ni inférieur

Ni même l’égal de ces autres là,

Alors que je ne suis rien,

Rien qu’une modeste humilité flétrie.

Je suis humide de douleur

Car je suis petit.

Je m’aplatis, m’alanguis,

Rampe sous terre, sous-sol,

Pour ne rien trouver… me cacher…

 

Quel que soit le temps,

Ou l’erreur,

La vérité n’est pas ;

L’Eternel lui-même a sublimé le sexe,

Mais m’a oublié dans la vie.

La tendance est de tout prendre,

Vie et cercueil,

Sombre rencontre,

Je suis un nain

Vêtu de flanelle trop large…

La joie n’est pas ;

Le plaisir ? Peut-être…

La vie n’existe que trop.

Nabot atroce, gnome ignoble,

Nain sarcastique, cafard haineux,

Il n’y a plus de mots

Pour définir ce que j’ai fait de la vie…

Et je marche sur mes pas,

Une petite ligne pour un petit homme.

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Descente

Publié le 15 Juillet 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Loin devant des damnés descendent

D’éternels escaliers sans rampe,

Sans même une lueur de lampe,

Ne sauront-ils où ils se rendent ?

 

La luminosité des feux

Des Enfers parvient jusqu’à eux

En reflétant les moisissures

Mille fois témoins de ces murs.

 

La marche qui ne se termine

Jamais les angoisse et les mine ;

Marcher dans le creux des hasards,

Aveuglés par tant de brouillards.

 

La chaleur se fait tellement

Plus forte ; cherchant un firmament,

Ils lèvent leur vue erronée,

N’y voient que leurs esprits damnés.

 

Et ils continuent de descendre,

Fracas de leurs pas sur les cendres

De ces escaliers mille fois

Ré-empruntés par d’autres rois.

 

Rien ne se terminera donc

Jamais ? Ils regardent les troncs

De pierre disposés de dos,

Comme des atones trumeaux.

 

Ils ont enfin réalisé

Que cet Enfer tant méprisé

Etait une descente infinie

Vers le néant, vers la folie…

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Epilepsie

Publié le 12 Avril 2011 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

Puis j’ai embrassé le carreau,

Laissant l’empreinte de mes lèvres

Dans un anneau, forme si brève

De buée…

 

Je l’ai regardée disparaître

Sous les assauts de la chaleur ;

Les plissures de mes lèvres meurent,

Lisses sous un baiser parfait.

 

Soudain, une porte claqua,

M’enfermant…

La porte claquée au visage

Et se verrouillant devant moi.

 

Alors une autre se ferma,

Celle du passé

Et le point de la sauvegarde

Acheva de se nébuler.

 

Et cet instant, droit devant moi,

Je ne pourrai jamais l’atteindre ;

Le passé, loin derrière moi,

Je ne pourrai plus que l’attendre.

 

Juste attendre son bon vouloir

S’il daigne se laisser oublier

Pour que la porte du futur

Puisse au présent se déverrouiller.

 

Et je me retourne sanglant,

Ce visage n’est plus le mien,

Haché de ces portes chiens,

Trop emporté par mon élan.

 

Fracassé, l’œil de la folie

Se réverbère dans les périls

Du vide. Secoué de convulsions,

Atroces de négation.

 

Cette crise d’épilepsie

Jette dans les gouffres du sol

Des flots de salive tarie,

Soubresauts du corps d’air en sol.

 

Et la tête autant que les poings

S’arrachèrent sur les crépis

Où les cervelles jusqu’aux coins

Suintèrent chaque fois jadis.

 

Puis la crise se termina,

Une main sur le sexe hystérique

Et l’autre sur la bouche tordue

De souffrances aporétiques.

 

Sueur jouant dans les yeux révulsés,

La poitrine ne s’élève plus ;

Serrant la langue ensanglantée,

Les dents mâchent une dernière fois la viande crue…

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Prières de souffrance

Publié le 19 Septembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

10 décembre 1988

 

Toute une journée basse 

J’ai détourné mes yeux 

D’une lumière lasse. 

J’ai regardé le ciel 

Se confondre aux nuages 

Que l’iris de clarté 

N’avait pu disloquer.  

 

J’ai apposé la main 

Sur le bruit des entrailles 

Qui ne hurlaient que plaintes, 

Et la sombre muraille 

De mes aigres douleurs 

Détesta la noirceur 

De la main apposée. 

 

Le corps a réagi 

Au temps de l’Eternel, 

A ses sales douleurs 

Et à son corps meurtri. 

Indicibilité 

De la stérilité 

A venir, courte mort. 

 

Alors je marche, plus raide 

Que jamais, la moue fade 

De celui dont le corps 

Béant l’a refusé, 

Collée aux seules lèvres 

Qui murmurent en silence 

Des prières de souffrance. 

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QUATTRO MILLE CINQUECENTO CINQUANTA

Publié le 5 Septembre 2006 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

2 novembre 1988 à Venise.

 

Déception mortelle… 

Les amis s’éloignent, 

Dans le temps et la présence. 

Ils se perdent le long 

De canaux obscurs, 

Longs, eux aussi, 

Et gris sous le ciel trop haut.  

 

Les murs s’enlisent de paroles 

Mesquines, de promesses… 

S’il se trouve un chemin 

Dans le clapotis funéraire, 

Il est de gravier crissant, 

De pâles croix, de plaques, 

De marbres éteints.  

 

Les sonneries s’évanouissent, 

Il a disparu… 

Il s’est éloigné, 

Il s’est noyé 

Puis s’est soigné, 

Mais le retour devient… 

Inutile…  

 

Le verre brisé sous les pieds, 

Les meurtrissures paraissent bien douces. 

L’échec ne vaut-il pas mieux 

Qu’une réussite ternie 

Par la solitude des foules ? 

Les jeunes cœurs sont naïfs, 

Sur le soleil et le sol, 

Les jeunes cœurs sont naïfs.

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Héros

Publié le 23 Août 2006 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

13 juillet 1989

 

Mon frère, 

Si tu étais vraiment un héros, 

Tu saurais trouver le courage à la mort. 

Mon frère, 

Si tu te forçais à devenir fort, 

Tu saurais être le héros. 

Mon frère, 

Si rien n’est autre que frère, 

Tu as la mort en toi. 

Mon frère, 

Si tu joues avec le Destin, 

Tu seras le pilote de ta mort [1] 

 

Ma femme, 

Mes femmes, 

Vous êtes vaines et futiles. 

Mes femmes, 

Mes femmes ! 

Je vous apprécie. 

Femmes miennes, 

A moi ! 

Vous êtes si je me l’imagine. 

Ô miennes ! 

Possession monocéphale, 

Vous êtes aussi longtemps que je le veux.  

 

Je suis malade. 

Je vais mourir ; 

D’ailleurs on me l’a dit. 

Je ne doute pas. 

La rivière qui coule 

En ma vie ne se tarira pas [2]

Jusqu’à sa fin. 

Je n’ai pas peur. 

L’amour qui sommeille 

En moi 

Est mort. 

Je ne crains plus 

Les sonneries incessantes, 

Les tumultes. 

Les frissonnements plus gênants 

Que le brouhaha de la foule 

Ne fracassent pas le silence. 

Je suis entré ; je suis entré.  

 

Un pas de plus. 

Un pas vers l’arrière. 

Un pas vers le vide.  

 

Quand je pense que je pourrais être 

Mort… 

Plutôt qu’infirme du silence… 


[1] Paragraphe rédigé en hommage aux « Brat moj » et « Rdeči Pilot » de Laibach. 

[2] En référence directe au « The river that runs with love will never run dry » des Swans. 

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Mas

Publié le 21 Août 2006 par Luc dans Gwellañ war 1988-1989

13 octobre 1988

 

Un conflit intérieur 

Est une envie de promenade, 

En un lieu propice 

A la chose comme au néant.  

 

La pleine lune, où la mer du silence 

Contraste étrangement avec les coulées 

De vin de nos cirques habitués, 

Répercute ses bruits irradiants 

Jusqu’à travers les os blanchis 

D’un agonisant délaissé sous les pins.  

 

Le reflet de ce miroir esclave 

Ne trompe personne : il est mort, l’ami… 

Son fauteuil grinçait de courroux, 

Et du fauteuil à la mort, 

Un doux sort le conduisit au cercueil. 

Un oiseau d’alcool s’est échappé 

De sa vieille bouche entrouverte 

Sur les déboires de ses pins enflammés.  

 

Le sarcasme de l’assemblée 

A laquelle je me joindrai 

Résonne encore dans les signes de bras 

Emmitouflés de honte et de mort, 

Où des doigts stupidement fébriles 

D’attente ne respectent plus le silence 

Qui craque en les voyant craquer d’impatience. 

Le calme s’écartèle sur ces sourires dissipés, 

Masqués sous un flot de ridicule acharné, 

Qui tue la mort comme les pensées ; 

Je ne pourrai plus aimer une femme… 

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