Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Sur un toit de tuiles

Publié le 18 Novembre 2009 par Luc in Marseille (du 2-4-97 à février 1998)

Nous avons passé une bonne journée et décidons de monter sur les toits, pour la terminer hauts et rêveurs. Je crois qu’il y a là Y., S., M., A., et sûrement pas N., trop prudente, ou encore E., trop belle.

 

Je remarque surtout Y., affalé de tout son long sur la terre cuite rouge et paraissant si fatigué que son visage aux traits lourds va s’affinant alors qu’il s’assoupit le long des tuiles chaudes, à quarante-cinq degrés.

 

Il doit être derrière la corniche, S., dont la litanie des sarcasmes plus ou moins convenus s’imprime dans ses insultes incessantes et ses réactions avaricieuses, ces dernières telles que son amitié d’ailleurs.

 

M., fine de physique essentiellement, doit également se situer en retrait du bord fini du toit, admirative du sommeil de Y.

 

A. métaphorise, entre la lumière des ampoules aux pieds et les doux songes de la fièvre aphteuse. Elle se dandine mollement au son des craquements des tuiles sous notre poids, et du gémissement de la gouttière rouillé et sonore.

 

Nous voilà donc, ce gentil petit groupe perché sur les toits de tuiles rouges. La brique surchauffée par le soleil d’été pourrait sembler désagréable si n’était cette odeur de four de pierre qui sauve tout.

 

Quant à moi, je ne parviens pas à m’allonger, ni à me lever. Pour n’avoir jamais été soumis au vertige, je n’en ressens pas moins un malaise certain, comme la gouttière grise qui chaloupe insidieusement en deçà et au-dessus de la ligne d’horizon.

 

Décidément, je ne me sens pas si bien, alors que l’ambiance calme et apaisée d’une après-fête devrait plutôt m’inciter à la détente la plus méritée…

 

Invincible mal-être ; je me juche à califourchon sur l’arête d’une avancée constituant le toit étroit d’une mansarde, serrant les cuisses à rompre l’architecture. Ainsi solidement campé, le vertige va cesser.

 

Mais non. Le monde tourne et se tord de plus belle. Partis, Y. et son petit somme. Je ne vois plus à tour de rôle que les nuages et les tuiles. Envolés, S. et ses sarcasmes. Je me livre, je tourne, je vole… je chois. La terre ma mère m’accueille, à moins que ce ne soit le goudron.

Commenter cet article