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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve H Résurrection

Publié le 21 Septembre 2010 par Luc in Frais et dispos (du 5-7 au 28-10-02)

L’atmosphère est au recueillement. Dans le grand salon lumineux de l’appartement duplex, incliné entre le tapis laineux aux dominantes rouges et le canapé de velours bleu marine, se trouve le plan du mort, du grand-père. Volant soudain, je le vois allongé sur le plan, les mains croisées sur la poitrine, le visage émacié, raide comme une trique. Il est vêtu d’un costume bleu sombre avec de très légers entrefilets verts. C’est le moment…

 

C’est moi qui lui avais prêté ce costume pour la cérémonie funèbre. Je veux donc le reprendre. Je m’approche et commence ma tâche. Ma mère plaisante en disant qu’il a bougé. Je peste contre son inconséquence et enlève difficilement la première manche de la veste. Ma mère réaffirme, plus émue et certaine cette fois, qu’il a fait un mouvement. Je ne prête qu’une attention limitée aux élucubrations de ma génitrice, et me baisse pour ramasser le cintre que j’avais posé sur le plan du mort. Puis je me redresse et tourne instinctivement le regard sur ma gauche, en ayant le temps de constater sur ma droite que le plan est vide. Le grand-père est là, assis sur le canapé, l’air complètement halluciné. Il paraît abasourdi, ne pas savoir où il est, penché vers l’avant, le menton sur le plat de sa main.

 

Ca gueule au miracle dans tous les coins de l’appartement.

 

Ses cheveux gris et blancs sont ébouriffés, comme après un long sommeil. Ses yeux bleus délavés sont injectés de sang. Sa peau est comme boursouflée, cyanosée, anciennement couperosée. Je ne le vois pas respirer tellement la surprise semble le saisir.

 

De toute part fusent les considérations médicales les plus aberrantes sur la résurrection du grand-père. La raison reprend le dessus et le plan est vide.

 

Soudain, le grand-père se lève, titube et s’allonge sur le tapis de tout son long. D’un signe presque indiscernable de la main, il me fait signe de m’approcher en ne tournant que les yeux, la tête demeurant immobile. J’arrive. J’entends sa respiration faible et malaisée, sa voix blanche et hachée, et c’est un souffle qui me dit :

 

-          Luc, arrête tes conneries

 

Je conserve mon oreille près de sa bouche pour entendre la suite alors qu’il est de nouveau mort. De quelles conneries pouvait-il bien parler ?

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