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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve 36 Gimme a towel, please

Publié le 4 Février 2010 par Luc in Mieux (du 19-6 au 21-12-2006)

Je quitte l’immeuble où je parais résider. Me retournant, je le vois dans un ciel expressionniste, curieusement mêlé de teintes jaunes et ocres, dans lequel sont suspendus des nuages filandreux et immobiles. L’immeuble est massif, rectangulaire, surmonté d’un toit parallélépipédique et percé de petites fenêtres, mais la distance doit y faire, ainsi que sa couleur marron sombre.


Je continue ma marche vers le parc dont m’a attiré l’apparente ambiance festive, matérialisée par des rires et bruits de réjouissance. Je prends place dans un bloc de béton creusé, comme un bassin vide et peu profond, sur le rebord duquel je m’accoude et débute mon observation attentive.


Immédiatement, je constate que la sensualité est le pôle des amusements. Où que je dirige mon regard, je tombe sur des danses et gestes coquins. Une femme est penchée vers l’avant, dont je ne perçois que le postérieur uniquement recouvert d’un string rouge impudiquement déplacé sur un côté. Là encore, des jeunes gens à moitié dévêtus discutent joyeusement, et là aussi, plus près de moi encore, une jeune fille méchée au visage carré dominant un petit top aguicheur joue avec son Tanga en le descendant subrepticement puis en en laissant claquer l’élastique sur son bas ventre lors de la remontée. Elle répète consciencieusement le même geste plusieurs fois, ce qui me permet de constater qu’en lieux et place de poils pubiens, elle a opté pour un petit ruban de sparadrap blanc. Le « landing strip » devient « strip » tout court et je commence à deviner que le problème ressortira de la traduction.


Ce n’est qu’alors que je m’aperçois que je suis nu et émoustillé. Je décide rapidement de me coller à la paroi de mon bassin de béton, mais rien n’y fait ; la situation devient intenable. Il faut partir, je dois me résoudre à rentrer chez moi. Après avoir jeté un dernier coup d’œil circulaire pour m’assurer que personne ne me prêtait la moindre attention, je bondis hors de mon refuge et cours en protégeant au mieux ma nudité. Je quitte le parc, reprends l’avenue sans croiser personne, et arrive enfin à l’immeuble sourd, à l’escalier, à mon appartement…


Nu comme un ver, je réalise à ce moment avoir oublié la clé à l’intérieur et peste contre mon inconséquence dans des termes particulièrement insultants. Il me faut descendre à l’accueil de l’hôtel, puisqu’il s’agit apparemment de ça, pour en demander le double.


Derrière le desk se trouvent deux hommes en uniforme assez policier me semble-t-il. Aucun ne paraît choqué par mon absence de tenue. Je procède donc à ma requête. Celui qui est assis me répond avec un très fort accent américain :

 

-          woinwoinyouwan a reel ?

-          ‘m sorry ? – rétorque-je.

-          woinwoinyouwan a reel ? – répète-t-il, plus lentement.

-          (il doit me demander un « reel », mais j’ignore parfaitement de quoi il s’agit) Excuse me, Sir, but I don’t understand what « reel » means ! – dis-je avec ce fameux accent très anglais, en imaginant ma bouche dont seules les lèvres inférieures ont dû se mouvoir, tandis que les lèvres supérieures ont dû demeurer rigides, comme soutenues par deux allumettes.

-          Ow, british accent… fait-il en souriant, pour exprimer ensuite très lentement : a reel isaweonwang to getcha your room.

-          Once again, I am terribly sorry, but I don’t understand a word of what you are trying to tell me. – réponds-je atterré sous l’œil goguenard du réceptionniste resté debout.


Et la scène reste fixée, là. J’ai fini même par oublier ma nudité absurde sous le ciel immobile. Nudité, shower… Je conclus en m’adressant à mon tour avec un grossier accent américain au type assis :

 

- Gimme a towel, please.

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