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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve 32 Danse acomoclitique

Publié le 24 Janvier 2012 par Luc in Un an (du 25-8-05 au 13-6-06)

Nous étions tous, salariés de ce grand groupe de grande distribution, conviés à une grand-messe, et le lieu des festivités était étrangement situé dans l’enceinte du siège de l’un de nos plus grands concurrents. Je me hâtai, une fois la convention achevée, de quitter ce lieu où la débauche de grandeur me provoquait de la tachycardie. J’étais alors avec Jacques V. Celui-ci constate rapidement que le poste d’accueil destiné à diriger les clients est inoccupé. L’air grave, il s’y rend rapidement et je l’entends clairement dire à une cliente : « Bienvenue chez Casino. Que puis-je pour vous ? ». Etonné d’un tel comportement de sa part alors que nous travaillons pour Carrefour, il me répond que le service du client prédomine par rapport à l’appartenance d’enseigne, et qu’il s’agit d’ailleurs là d’un réflexe tout à fait normal chez tous les gens ayant exercé en magasin. Je suis stupéfait, fais un geste de dépit avec la main en soupirant de manière chuintée, et me dirige vers la sortie.

 

C’est alors que je tombe nez à nez sur J. Nous échangeons quelques paroles sans importance, pendant lesquelles je me surprends à accepter une sensible réduction de ma bulle habituelle d’un mètre au moins. Elle me parle très près, trop peut-être. J’ai comme l’impression que le temps s’est suspendu autour de nous, qui entamons une danse lente, les pieds immobiles et les bras traversant l’air chaud au ralenti. Elle pose une main sur mon épaule qui en tressaille, puis la descend pour pendre la mienne, la remonte et la pose finalement sur son sein droit. Nous continuons ainsi à discuter, dans cette posture étrange, la paume de ma main apposée sur son sein ferme, comme St Louis rendant la justice sous son chêne.

Nous sortons maintenant. Elle se propose de m’accompagner jusqu’à ma voiture, que je sais garée derrière le majestueux bâtiment. Nous le longeons sur sa droite tandis qu’avant de passer son bras gauche autour de ma taille, elle a saisi mon bras droit et l’a déposé sur ses épaules. Malgré la laine noire de son haut, je sens sa chaleur, accentuée encore par le franc soleil qui nous éclaire en se réverbérant douloureusement sur ma tenue beige clair.

Nous marchons ainsi, bras dessus, bras dessous, et je ne fronce les sourcils, ne plisse les yeux qu’en raison de la luminosité ; aucune acrimonie ne m’atteint en effet à raison de l’étrangeté qu’aurait dû constituer pour ma conscience le fait que quiconque puisse penser que nous sommes un vrai couple en observant notre lente déambulation. Et quoi ! Je suis marié tout de même…

Parvenus à ce que je pensais être le lieu de garage de ma voiture, je constate amèrement qu’elle ne s’y trouve plus. Je ne conçois alors plus rien à l’exception de la nuit en train de tomber. J. me fait comprendre qu’elle cherchera mon véhicule avec moi, et qu’à défaut de le retrouver, elle est toute disposée à m’accueillir pour la nuit.

Le caractère saugrenu de sa dernière hypothèse ne m’échappe pas : je suis marié et aime ma femme ; il est hors de question de la tromper pour une aventure que je devine parfaitement sans lendemain, nonobstant l’éblouissante beauté de la tentatrice. J’anticipe la scène de l’entrée dans son petit appartement, dans le salon duquel elle me demandera de patienter quelques minutes, le temps de se refaire une beauté. Notre rencontre, elle ne l’aura pas prévue, c’est évident. Sa détestation des poils, poussée au stade de l’épilation des avant-bras, l’incitera sûrement à parfaire sa présentation plus intime. Ce n’est qu’alors, à sa sortie de la salle de bains, que je refuserai ses avances : A. est tout pour moi.

C’est alors que J., devant lire dans ma divination, me fait part sans mot dire d’une expérience qu’elle eut dans le passé « à trois », interrompant immédiatement après sa transmission de pensée de points de suspension…

Qu’est-ce donc ? Etait-ce avec deux hommes ou avec un couple ? Peu importe, le venin du triangle amoureux est instillé dans mes veines battant à se rompre. Je nous imagine dès lors tous les trois, dans une chambre ; je suis assis sur un fauteuil, nu, et observe les préliminaires d’A. et J., timides tout d’abord puis passionnés. Mes yeux se strient de leurs mouvements lents et ondulants. Le venin me rend à la fois fou et kinesthésique. Je vois leurs visages magnifiques, puis leurs sexes magnifiques, soigneusement épilés mais coiffés différemment au niveau des pubis. Alors qu’A. ne conserve qu’une fine ligne châtain clair me donnant toujours le vertige, J. a opté pour un triangle plus grand que je ne l’aurais soupçonné, taillé ras, point cardinal, flèche intime d’un jais absolu sur sa peau intégralement bronzée. Je baisse fugacement les yeux sur ma virilité tendue, uniquement surmontée d’un petit rectangle châtain clair entouré d’une peau nette et glabre, et compose la jouissance géométrique : droite, triangle, rectangle se confondent dans le cercle amoureux.

Alors la scène s’immobilise, comme figée dans l’éternité. Il ne fallait pas aller plus loin. J’ai toujours détesté la pornographie, au plus profond de mes désirs d’esthétique pure, castrateurs.

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