Nécro Olivier Villaumet

Il est de ces matins gris, au vent mauvais, qui augurent tristement de la fatale nouvelle : Olivier agonise. Nous devons nous préparer à l’échéance car les plus grandes sommités de la médecine, dont l’illustrissime Professeur Chazarin, ne lui ont donné qu’une semaine tout au plus avant de tomber dans un coma de douze jours précédant l’inévitable décès. Recueillons-nous donc sur l’autel de la mémoire collective, sur les innombrables travaux de force, étonnamment accomplis par le moribond avec une élégance de dandy dont le port de tête n’allait pas sans rappeler celui d’Erich von Stroheim… La grande illusion d’Effimag, de tournoyants tableaux de bord d’analyse financière aspirant dans une mortelle tornade une alternance vertueuse au succès non démenti à ce jour…

Comment dès lors ne pas hurler contre l’injustice de ces Dieux versatiles et cruels, s’amusant du destin des hommes pourtant fidèles à leur foi ? Comment ne pas penser que cette fois la troisième Norne a coupé trop tôt le fil ?

Désormais, notre révolte est à la fois vraie et inutile, s’agite mécaniquement au rythme régulier du burin avec lequel le sculpteur grave sur la stèle funéraire nos regrets d’Olivier, les yeux sur le sol éreinté de pluie.