Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Monstre personnel

Publié le 3 Août 2011 par Luc in Anne (du 19-11-03 au 5-4-04)

C’est alors que je franchissais les nuages que pris par le soleil dans une posture d’évidente insolence, je fermai les yeux.

 

Derrière les paupières closes dansèrent des flammes alors que le vertige et le malaise m’entraînaient dans leur violente ronde. Les flammes se transformèrent en visages grimaçants alors. J’y reconnus en premier lieu celui d’un ami, curieusement affublé d’une mâchoire prognathe et d’un air de clown avéré. Son visage rieur et ahuri roulant deux yeux ronds et inexpressifs me mettait au supplice, moi qui refusai toujours la joie gratuite tout en l’enviant terriblement. Puis les flammes reprirent leur crépitement malin pour se fondre en d’autres visages, plus rapidement, si bien que je ne saurais tous les citer. Le rictus d’un monstre de Giger apparut peut-être, suivi de ceux d’autres amis, tous entrecoupés par le faciès haineux du monstre qui m’habite…

 

Il est chauve et dénué de tout système pileux apparent. Ses grands yeux noirs et sphériques sont donc surmontés d’arcades sans sourcils. Son large crâne va se rétrécissant jusqu’à un menton pointu, fin logique de deux joues creuses entourant des pommettes saillantes ainsi qu’une absence remarquable de nez. Celui-ci a disparu au profit de deux trous de forme oblongue. Il ne reste que sa bouche effrayante, seule partie en mouvement du visage atroce et livide. Elle est petite et ronde, compte des lèvres si fines qu’on les croirait tracés d’une mine de crayon trop taillé ; mais elle bouge, s’entrouvre, s’ouvre et découvre deux rangées de petites dents acérées. Alors tout le visage se mit en branle : les arcades et le front se froncèrent ; le groin hideux s’agite et la bouche montre plus encore ses dents, tandis que derrière et dedans le feu s’intensifie, jusqu’à le faire disparaître parfois, mais toujours il revient. Il est la haine de moi, étouffé, oppressé à vomir, le ventre gonflé et les mains tremblantes, le cœur hésitant à battre, s’arrêtant souvent dans un pieu aiguisé qui me perce le flanc et m’entraîne la tête vers le sol. Le monde tourne trop vite. Ne plus dormir.

Puis la raison revient, sans sérénité ni confiance, mais l’eau salvatrice des nuages de nouveau rencontrés lors de ma chute, avait éteint le feu d’altitude.

 

Je suis maintenant assis, abasourdi de gris et de travaux publics dans la boue… L’ennui me reprend. L’angoisse ne tardera donc pas. Elle monte. Je veux avoir envie de te revoir.

 

                                                                                                                                 Gatwick

Commenter cet article