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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Je déclare au monde mon infinie tristesse

Publié le 30 Novembre 2012 par Luc in Dégradation (du 1-7 au 30-12-10)

Dans une approche romantique des choses, on peut considérer avoir un message à hurler au monde, malgré notre insignifiance d’individu, pauvre, si peu brillant et pas du tout médiatisé. Alors je m’étais positionné, en tant que romantique invétéré.

 

Mon message devait être le suivant : me suicider une fois parvenu à la caricature de la piètre idée du bonheur que peuvent se faire mes congénères. Marié à une femme belle et intelligente, ayant réussi ma vie professionnelle, père de deux enfants beaux et intelligents, ne me manquent que deux critères avant la mort : la berline familiale de luxe, un break de préférence, ainsi qu’un chien.

 

Mais voilà, si je saurais m’accommoder d’un break de type Audi A4 Avant, je déteste les chiens.

 

Je ne peux plus me suicider dans la mesure où le critère manquant sera rédhibitoire dans le message universel que je comptais adresser au monde. Trop de voix pitoyables plutôt qu’apitoyées par ma mort trouveraient toujours à dire « Oui, mais tout ça c’est parce qu’il n’avait pas de chien ».

 

Il n’est d’ailleurs pas faux d’affirmer que je manque de chien. Je ne suis pas beau, grand et fun, ni cool ni glamour. J’exècre la fête au sens commun. Le seul intérêt de la fête est de rendre les gens encore plus insupportables qu’ils ne le sont coutumièrement, et de leur rendre après coup leur propre quotidien encore plus insupportable. Le cercle festif est probablement le plus vicieux d’entre tous.

 

Il faudra bien me résoudre, en cette matinée tristement ensoleillée, à accuser le coup du vieillissement, à m’arranger de ma terreur du handicap et de la difformité en ne faisant pas d’autre enfant. Ayant assez joué avec le feu de mon corps et emporté la mise sur mes deux premières paternités, je lève mes gains, me retire de la table avant qu’il ne soit trop tard.

 

Mon message universel demeure pourtant dans les cartons, comme seul projet d’avenir, pour ne pas subir la décrépitude, ne pas mourir en déliquescence, ne pas mourir en ayant dû recommencer un tour déjà accompli.

 

Je déclare au monde, en préambule, mon infinie tristesse.

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