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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Baptême

Publié le 26 Septembre 2012 par Luc in Nécromancie (du 11-8-08 au 12-2-09)

La détresse a suivi son petit chemin escarpé, écartant sans cesse les buissons d’épineux que j’avais placés sur sa route dans une vaine tentative de bonheur. Elle a gravi les pentes de pierraille jusqu’à mon sommet, pour me faire vaciller, tanguer et chavirer.

 

Comme à l’accoutumée, ma première réaction fut la fuite vers les bois. Je demeurai là un bon moment, fixant les feuillures ondulées derrière lesquelles ce beau ciel étendait de longs bras affectueux. Je restai là, debout, humant à peine poitrine les premières senteurs de l’automne pour éviter de pleurer sous un préau de béton.

 

Mon calme de nature n’était qu’un leurre, et je ne pouvais plus alors exposer mon faciès désheureux à la collectivité festoyante. Je regardai donc sans envie le cours d’une étroite rivière, dont les bords étaient recouverts de bouteilles vides et d’un cadavre de canard, lequel finalement s’avéra bien vivant, sans me tirer sourire ni consolation cependant.

 

Je pleurai finalement, vaincu par le couteau qui me découpait la gorge et les yeux depuis d’interminables minutes, dans une régulation autre de ma respiration. Les images du pire me revinrent en mémoire, telles ce rêve de naguère que je ne parviens à oublier. Un Sud-Américain gominé marchait d’un air sérieux dans une rue ensoleillée et poussiéreuse ; le contexte était indéterminé, mais toujours fut-il que des détonations retentirent et que l’homme s’effondra sur le sol. Je me rapprochai vivement de lui, et à cette mesure, ses râles se modifiaient, sa voix tirait vers un babil aigu qu’il me sembla reconnaître. Arrivé à ma destination, l’agonisant parut plus petit que je ne l’eus cru. Un pas pour l’enjamber et je découvris avec horreur le corps sanglant, replié en position fœtale, de ma fille adorée. Mourante, elle psalmodiait de sa petite voix flûtée « Tétine – doudou – tétine – doudou… », s’affaiblissant jusqu’à la rupture sonore. Elle cessa complètement et je pouvais croire au corps inerte, à la douleur qui me submergea, me consuma de l’intérieur.

 

Tout me revint. Je me rappelle tout, et la branche du gigantesque platane m’appela à son tour.

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C
<br /> Difficile de donner un avis sur le fond (je suis un piètre littéraire), mais la forme m'a bel et bien emporté ! Tout de même, c'est une bien triste nouvelle....<br />
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L
<br /> <br /> Merci de ce commentaire, mais plus que la tristesse, mon propos se situerait plutôt dans l'exposition d'émotions brutes, le caractère irreprésentable du rire, de la violence et de la mort.<br /> <br /> <br /> <br />