Rêve II Valérie et Béatrice

Je suis assis, dans une lourde bibliothèque ; je discute de choses et d’autres quand, tournant la tête vers l’entrée, je vois Valérie. Elle n’est pas souriante ; elle semble plutôt anxieuse.  Devant son air suppliant de caniche battu, je souris et l’invite à prendre place à mon côté. A peine allons-nous commencer de nous expliquer sur la fin inopinée de notre étrange aventure que je retourne la tête et vois Béatrice sur le pas de la porte, Béatrice que j’ai quittée, qui m’a assassiné voici presque quatre ans.  

Je souris fermement et mes fossettes se creusent. Elle me parle par gestes pour ne pas attirer l’attention de Valérie qui parle pour ne rien dire, comme d’habitude. Je m’excuse auprès de cette dernière, qui n’a toujours pas remarqué la présence de Béatrice, en lui demandant cinq minutes. Sans attendre la réponse, je me lève et me dirige vers Béatrice, toujours aussi belle et diaphane. Je la prends par l’épaule et l’entraîne hors de vue.  

Elle s’allonge alors sur une table, ou plutôt à même le sol, à côté d’une table basse. Je m’étends sur elle, avec des pensées impures parfaitement identiques à celles que j’avais autre ans plus tôt, pensées inassouvies.  

Elle dit : « C’est moi que tu préfères maintenant ! ». Je ne réponds pas car mon regard part, et je nous vois acéphales, allongés l’un sur l’autre, perfide alliance du pantalon de toile et des jeans, entre le feu qui voudrait se voir glace et la glace qui se croit feu…