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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Abruti de douleur

Publié le 30 Mars 2009 par Luc in Chair (du 15-10 au 31-12-01)

La douleur abrutit comme le bruit ou la maladie. Une fois encore, l’œil rond et incomprenant, j’ai voulu me rapprocher de toi, tout en ayant une claire et parfaite connaissance de la vanité de ma démarche. Plus contraint que jamais par un corset trop serré, même pour ma poitrine sans relief, j’ai badiné, devisé gaiement, me permettant quelques saillies bien senties que venaient cependant nuancer des trémolos incontrôlables sur mes cordes vocales.

 

Je suis une brute - Je suis une brute - Je suis une brute...”, meugle-je ad libitum en projetant violemment ma tête vers l’avant et frappant le mur de mes poings dès lors meurtris. Abruti de douleur et de prescience, je traîne ma misère de lieu indifférent en lieu sans intérêt, j’espère la sonnerie du téléphone silencieux... Je fais le vœu qu’une fille belle et intelligente, forte surtout, franchisse le seuil de ma porte, pour m’annoncer sans sourire que ma distance, ma gravité obsessionnelle et inconséquente, mon absence totale de projets ou d’avenir, sont les seules choses qu’elle recherchait sur terre... Tout cela est béat, aveugle. La souffrance centre sur elle-même l’ensemble des pistes de réflexion ; on ne sort pas d’un cercle en le suivant...

 

Ma famille m’a appris (je ne m’en souvenais plus) que ces traits de caractère, contrairement à ce que je pensais lacaniennement, ne dataient pas de l’adolescence et de Béatrice, mais s’avéraient bien antérieurs. Ma grand-mère me dit :

 

-          Quand tu avais trois ans, tu voulais toujours que je te raconte des histoires tristes, auxquelles tu pleurais d’abord puis me suppliait d’arrêter en sanglotant “C’est trop triste !”.

 

Puis :

 

-          Au même âge, tu me demandais toujours de te “faire une note triste” sur le vieux piano en Normandie.

 

Ma mère me dit :

 

-          Dès que tu es né, tu as plutôt recherché la solitude. Les coups, les écorchures, les peines, tu les calfeutrais dans ta chambre.

     

Elle ajoute :

     

-          Tu n’as jamais été et ne seras jamais celui qu’on invite pour mettre l’ambiance en racontant la dernière bonne blague.

 

Etc...

 

Je ne le sais que trop. Je vais donc mettre deux doigts derrière mes yeux pour savoir ce qui s’y passe, qui me serait tellement propre et inné que je ne pourrais ni l’analyser ni lutter contre en tant qu’élément de rupture systématique, peu en important l’auteur. J’ai envie de voir si mon sang est aussi noir, ou bien rouge groseille éclatant.

 

Abruti de douleur, je monte sans joie les marches qui me séparent du sommeil, lequel m’échappe comme le reste. J’ai tant perdu que j’ignore par où commencer mes recherches.

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