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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Rêve 68 An benveg-seniñ nevez

Publié le 9 Février 2009 par Luc in Nécromancie (du 11-8-08 au 12-2-09)

Dans l’embrasure d’une étroite fenêtre posée à même le sol, je fume sans but, le regard atterré par l’embrouillamini de barbelés, de grillage, de ronces et de branchages qui obscurcit ma vue vers la civilisation honnie. Je me tiens debout, semblerait-il, mais tordu, tout appuyé sur une jambe unique, le dos déporté sur le côté selon un angle droit paradoxalement peu rassurant.

 

Je ne parviens pas à comprendre la douceur de l’humidité matinale, pas plus d’ailleurs que le fonctionnement de l’instrument dont on m’invitait à jouer la nuit passée. Huit petits rondins de bois clair, hauts d’une trentaine de centimètres, d’un diamètre d’approximativement trois centimètres et plantés sur un socle de bronze à une distance d’environ cinq centimètres l’un de l’autre, le tout ressemblant plus à une Ménorah sans pied mais avec une note en sus, qu’à un xylophone.

 

Dans le brouillard d’une ambiance festive, on me demande donc de jouer un air enfantin, que je connais bien, que je sais exécuter à la guitare, à la flûte, à l’accordéon, aux claviers et au… xylophone. Mais j’ai toujours détesté les contraintes en général, et en particulier celles qui feraient de moi le centre momentané des attentions. Je tente d’éluder, tandis que la brume se renforce autour de moi, les voix me pressant gentiment de me livrer au sordide spectacle de mon ridicule consommé tendant à s’évanouir dans un écho lointain.

 

Je ne perçois plus que l’instrument, et remarque que chaque rondin est ceint en son sommet d’une couronne oscillant entre sienne et bauxite, tenue au bois par des griffes ainsi que la pierre d’une bague. Cette couronne griffue se compose d’un anneau et de deux pointes légèrement semi-circulaires, un peu comme des cornes de scarabée dont je pressens immédiatement qu’elles sont destinées à donner les quarts de ton. Avec un bâton, je frôle l’une d’entre elles et la note inconnue pèse de tout son silence, alors que la brume humide m’enveloppe dans la douceur.

 

Ce matin je demeure dans la même position timidement penchée, le silence de la musique m’éloignant encore de la civilisation.

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