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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Nécro Kathleen Evin

Publié le 20 Janvier 2006 par Luc in Embannoù-kañv (Nécrologies)

   Etant d’un naturel plutôt casanier malgré quelques voyages sous les cocotiers de l’Europe de l’est, je vous propose de rester un instant dans cet intéressant creuset, ce laboratoire expérimental, cette éprouvette qu’est le 16ème arrondissement de Sylvie Coulomb (ou peut-être s’agit-il de Chatou, du Vésinet ou de Saint-Germain, ami lecteur qui n’as jamais dépassé Nanterre Préfecture ou qui oblique vers Cergy), pour brièvement envisager le décès de Katleen Evin. Je m’en réjouis absolument.

 

   Sa « désascension » fut longue et douloureuse : de journaliste politique au Nouvel Obs. des 70ties, elle a ensuite accumulé les petits boulots, pour, victime de son humeur vagabonde, finalement se retrouver en Maïté chic à présenter une émission sur les recettes de cuisine dans la grille d’été de France Inter (Croquembouche) : le suicide était inévitable et l’humeur vagabonde.

 

   Je peux m’accorder avec ceux qui disent encore d’elle qu’elle possédait un « humour pince sans rire, un ton incisif et un esprit aiguisé comme un scalpel », mais ici encore, mon corps refuse ce que me dicte mon cerveau abstrait. Comment supporter le décalage entre des propos humanistes, de gauche même, disons-le tout net, et un débit de parole plus proche de Sylvie Coulomb que de Martine Aubry (qui admettons-le n’est pas forcément un modèle de douceur, parlez-en aux collaborateurs de son cabinet lorsqu’elle était ministre !) ?

 

   Il s’agit d’un hiatus de fond, car ce n’est pas tant le fait que d’être un(e) intellectuel(le) aisé(e)s’oppose irrémédiablement au fait d’être de gauche que celui de s’exprimer ouvertement de manière snob et précieuse, le timbre de voix étant ici essentiel, qui nuit gravement au message que Katleen Evin souhaitait faire passer.

 

   C’est donc probablement lors d’un cocktail mondain ou d’une réception de l’ambassadeur de Ferreroland, durant lesquels on discutaillait ferme de la misère du monde, de l’odieuse politique sécuritaire du gnome Sarkozy, des banlieues chaudes et du cours de la Bourse (je ne ferai aucune allusion à l’allégorie du portefeuille à destre ou senestre dans l’héraldique de la gauche caviar), que Katleen prit conscience de l’insoluble alternative dans laquelle elle s’était projetée.

 

   L’aporie était au rendez-vous, la mort une libération.

 

   Je pensais être porté au dialogue interne, je suis un auditif.
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T
Bjr... Le Hasard conduit ma route, et me mène à... vous. Bravo pour votre ''nécro de la Gde Kathleen''. Tous les soirs, je lui dis, dès ses premières paroles : &quot;BoBo de la gauche caviar, va ! ''. Malgré ça, j'y rencontre quelques personnes très attachantes, que je ne connaissais pas. Hier soir, ce fut Jean-Michel Delacomptée et quelques lectures de son dernier livre. Il se trouve, encore par le plus grand des Hasards, qu'il est de ma banlieue du 92, et que sont style d'écriture ressemble beaucoup à certains de mes textes, notamment sur ma mère.<br /> Ceci peut-il suffire à &quot;excuser&quot; le ton &quot;je passais là par... Hasard, j'ai vu de la lumière'' de la doucereuse voix du 20 heures ? (j'ai écrit &quot;voix&quot;, car jusqu'alors, je n'avais aucune idée de 'l'image'').<br /> Mais elle n'est pas la seule à France-Inter (que j'écoute depuis... Jacques Paoli, le père de celui que j'adore écouter le dimanche). Nous avons, depuis Hollande, une nouvelle voix tout aussi &quot;sucrée&quot;, celle du neveu Mitterrand. Avez-vous pour lui, le projet d'une ''nécro'' ?<br /> Merci pour votre site. Bien à vous. Kenavo, betek an distro <br /> Tan' Sparfel
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L
Trugarez va paotr breizhoned ! Tout au long de ces embannoù-kañv vous pourrez découvrir des journalistes d'Inter, ma radio préférée, et pour tout dire la seule que j'écoute. Qui aime bien, châtie bien. Frédo Mitterrand, je ne sais pas trop : il me faut une certaine agressivité pour écrire une nécro. Rien d'objectif, juste de la sensation auditive pure, or Frédo glisse sur moi, ne génère aucune réaction notable, donc peu de chances pour une nécro !<br /> En revanche, Pascal Paolitiquement correct a eu droit à son éloge funèbre !<br /> Merci encore pour le commentaire désintéressé et néanmoins empli d'intérêt ; et si le contenu du site vous plaît, libre à vous de participer à l'émancipation d'un auteur peu connu en vous précipitant chez votre libraire préféré pour commander ses bouquins &quot;Honte&quot; et &quot;Amor Fati&quot;, publiés chez LED en novembre 2013.<br /> Luc Tironneau