L'agacement croît et l'impatience me tenaille le ventre. Je l'ai vu cet homme, quelque part cause de tout à son sens et de rien selon le mien, à l'exception, justement, de ce malaise.
Il est arrivé au milieu des rires et d'un début de détente. Alors le temps et les plaisanteries se sont arrêtés. J'avais rarement remarqué une telle capacité à refroidir les ardeurs, à jeter une chape de plomb glaciale sur une assemblée, de par l'unique fait de son entrée dans la pièce commune. Un lourd silence y a succédé, puis il a parlé, se croyant le centre de toutes les attentions (ce qu'il était de fait, en raison de son anachronisme total dans la situation) admiratives (abasourdies devant l'étrange serait plus juste, en vérité) des personnes présentes.
Il a lancé le sujet sur les fonctionnaires à noyer, poétisant sur leurs cadavres descendant mollement au fil de l'eau, regrettant le temps des rois (!), et souhaitant un gigantesque incendie purificateur ou une crue dévastatrice pour débarrasser le monde de cette engeance.
Ahuri devant tant de bêtise, je n'ai pourtant pas osé articuler la moindre protestation, non plus qu'hasarder la moquerie qui eût été de mise (Cache ta joie, bonhomme !). J'ai préféré partir... loin de ça...