Nous nous retrouvons à plusieurs dans une grande pièce sombre. Le centre de nos attentions est la jeune V., devant nous quitter bientôt, suite à un contrat de qualification peu satisfaisant à l’opinion générale, nonobstant les qualités humaines attendrissantes de la jeune fille.
J’ignore la cause de notre présence ici. J’imagine qu’elle souhaite nous montrer sa présentation de fin d’études sur PowerPoint, déduction facilitée par le fait qu’un ordinateur est relié à un Barco allumé et que le noir se fait soudain dans la pièce.
La projection commence, à ma grande surprise, par un film en noir et blanc et avec une qualité d’image ressemblant plus au « Trois lumières » de Fritz Lang qu’à une récente superproduction américaine.
Je suis de plus en plus étonné quand je découvre la première scène. Devant une paroi noire teintée de multiples nuances de gris qui ressemble à un mur de chambre à gaz, je vois de dos une jeune fille nue, blonde à la peau blanche, prendre une douche. Il ne peut s’agir que de V. : je reconnais son corps mou et replet ne tenant que par sa jeunesse, ses jambes légèrement en genu-valgum se terminant par des pieds à dix heures dix. La fesse est molle et la taille peu marquée. C’est bien elle, que je regarde maintenant d’un air interrogatif : qu’as-tu à nous montrer cela ? Est-ce une erreur de manipulation de l’ordinateur ? Son visage est timide alors qu’elle se ronge un ongle, dissimulant un léger sourire. Elle sait donc très bien ce qu’elle fait, et je crois déceler un soupçon de fierté dans ses yeux alors que les miens retournent vers l’écran où le film se poursuit.
Elle se retourne face à la caméra maintenant, dans une posture certes pudique puisque gardant les jambes serrées, et l’on ne constate guère qu’un petit bout d’une courte et sombre toison pubienne détonant avec sa blondeur tandis que ses bras sont croisés sur sa poitrine. Est-elle donc folle de montrer ceci dans son cadre professionnel ?!
La projection continue et nous la voyons désormais sur une méridienne, se caressant, les jambes largement écartées et les genoux fléchis, offrant à notre vision stupéfaite le spectacle de son plaisir, ses doigts parcourant sa vulve rasée, surmontée d’un trapèze pileux taillé à ras, de plus en plus frénétiquement. Elle doit donc être folle.
Mais le film se poursuit : un jeune homme brun entre plein champ alors qu’elle se retourne. Le cadre change et nous ne voyons plus que le dos de V. et le buste du garçon qui la besogne en ahanant. Les perles de sueur sur le visage de l’homme me convainquent de la folie de la jeune fille.
Je détourne mon regard qui se perd dans l’obscurité. Je ne comprends pas. La folie est-elle vraiment irreprésentable ?