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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Missive

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Deux ans de reconstruction (1-98-31-10-99)

 

Ma chère L.,

 Je suis confus de cette fausse frayeur, mais il me fallait bien trouver un artifice suffisamment subtil pour profiter de t’écrire, dans ma toute nouvelle connaissance de ton adresse, quoique tu en remontres par ailleurs.

 

Ne t’offusque pas de ce “tapuscrit”, puisque ce n’est pas la jolie Julie qui l’a dactylographié, à l’écoute attentive de ma concupiscente dictée... C’est bel et bien (“bel” ne répond qu’à un idiome : n’y vois donc aucune corrélation avec ma propre personne ou avec le méprisable chevreau Patrick Fiori dans une position de chercheur de lentilles lorsque Garou s’approche suspectement sur son côté jardin...) moi, humble et fidèle serviteur, qui tape adroitement de mains musiciennes et habiles la présente missive.  

 

Baldrick :  

 

- I think I’ve got a kind plan, Sir...  

 

The Black Adder, duke from Edimburgh :  

 

- Yes, Baldrick... I seem to deceal since now the failure in that plan. 

 

 

 

Moins sérieusement, dans la mesure d’un sommeil fuyant, l’attrait des choses, en même temps qu’il se délite généralement, se concentre paradoxalement sur certains points particuliers, jusqu’à l’obsession, la compulsivité. Comment les nommer en continuant de se celer ? Commet l’innommable celui qui continue de se mentir... Ma fascination pour l’imprononçable est une constante, pour le mensonge aussi d’ailleurs.

 Je ressens clairement, pourtant, l’obscurité totale et inféconde de ce qui précède. L’ennui est proche ! Vite ! Sortir une vanne, n’importe quoi... sauf devenir chiant...  

 

- Pourquoi y a-t-il de plus en plus de femmes célibataires ?  

 

- Parce qu’elles préfèrent un petit bout de bacon dans le frigo qu’un gros lard sur le canapé. 

 

  Le moral, quand il se mêle de morale, ne saurait qu’aller déclinant, au regard des multiples imperfections humaines. Comment expliquer alors qu’à réfuter ses instincts les plus bestiaux, grégaires, le moral persiste dans une triste ellipse ?

 

J’ignore si tu as déjà cherché à lutter contre ta nature, qu’ont causée les péripéties d’une vie sociale mouvementée, mais il me paraît que ce combat est vain. Plus simplement, il existe tant de choses que l’on aimerait avouer, calmement, avec ce léger sourire à la fois serein et énigmatique qu’avait Bowie dans Ashes to ashes. Mais il faut se réprimer, tant la sincérité se révèle dénuée de tout sens aujourd’hui. Toutes ces phrases à déclamer s’enterrent irrémédiablement dans les méandres d’un comportement sinueux, exemplaire de force et de bonheur.  

 

La plainte est interdite, ou réservée à quelque membre convaincu du quart-monde, du SDF au somalien...

 

La mienne s’intégrerait plutôt dans le constat selon lequel on ne peut, justement, éprouver quelconque état d’âme sans démontrer d’une grande faiblesse, signe précurseur d’une inadaptation sociale dépressive, selon le petit Lacan illustré.

 

Je n’ignore pas cette fois par quels chemins... vicinaux (ou parfois viciés de l’erreur) tu as pu battre ton chemin. Pour ne pas les avoir parcourus, ma tendresse à ton égard ne peut qu’en être sincère. Mes pas les auraient-ils foulés identiquement qu’il ne s’eût agi que d’une comparaison d’expériences similaires, que chacun aurait eu tendance, malgré toute l’amitié possible, à rapporter narcissiquement à la sienne propre...

 

Comme tu l’auras deviné, tout ça pour ne rien dire, prendre de tes nouvelles, montrer que je ne suis pas oublieux dans les circonstances de fait que l’on subit, nécessairement subies.

 

Je t’appelle dès que je serai en possession de mes nouvelles coordonnées géographiques et téléphoniques.

 

Bises.

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Sifflements

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Deux ans de reconstruction (1-98-31-10-99)

 

Avant que les sifflements ne continuent de rabaisser mon âme, parcellisés de secousses métalliques, j’en ai entendu d’autres, plus cruels, car m’opposant un langage incompréhensible lorsque je n’attendais qu’un désir de moi. Trois sons aigus et brefs auxquels je répondais dans un appel désespéré, qui s’obstinaient à reprendre leur cri monotone. Trois courts qui me causaient trois longues plaintes.

 

J’ai voulu rapprocher de moi la source du son une fois celui-ci évanoui par mon geste sec et dépité, mais j’ai renoncé, intimement persuadé qu’il ne resurgirait pas de sitôt. Pour le moment, je crois avoir agi avec raison.

 

Puis les autres sifflements, lesquels n’appellent quant à eux qu’à une communication avec mon seul esprit. Les couverts cuivrés chutent derechef, s’entrechoquant sur le sol lisse, se désaccordent dans leur sonore accouplement. Trop de notes parcourent ma vue, qui ne sont plus les portées ; je n’entends plus les représentations picturales de ma gêne.

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Back up

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Deux ans de reconstruction (1-98-31-10-99)

 

Revenu deux ans en arrière... Le même canapé qui se défile, se dérobe sous mon pauvre postérieur à mesure que je m’y avachis. Ma tête se baisse quand le dos s’arrondit ; le bassin s’avance vers la télévision et les jambes détendues vers la lucarne lumineuse, les mains s’approchent du visage pour le masser. Endolori, incapable de croire en ce qu’il représente ; il doit prendre un air halluciné.

 

Oui, tel qu’il y a deux ans de cela, les verres redescendent à la fois dans la trachée et dans l’oesophage... Une désinfection de l’intérieur, une catharsis !

 

(sourire et soupir)

 

Pas de nostalgie sur ce coup-là, pourtant... Parce qu’il me semble bien avoir le souvenir que la période ne brillait pas particulièrement par son alacrité rosée... Faut-il donc demeurer sombre dans le rappel ? Il y a des chances, mon petit bonhomme !

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Tourné vers

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Un beau rêve (du 1-8-00 au 31-3-01)

342                                                                                                                              25-12-00

 C’est maintenant. Sur le mur blanc opaque et granuleux, j’ai apposé mes lèvres avec fureur, tellement fort comme une absence qu’elles ont éclaté. J’ai alors entamé un pas de danse centrifuge, les bras levés au dessus de la tête, sur la pointe des pieds, pour fléchir, me courber, connaître l’humilité. Les jambes arrondies, la position est vite devenue insupportable.  

 

Et j’ai chu, la nuque frappant sonorement la dalle granitée. La bouche en sang brisant le mur de ton absence, le corps se révoltant de son insouciance, de ses dérivées imaginatives et inosantes, je cogne du front la surface sans vie, priant pour qu’elle s’ouvre enfin, te décelant.  

 

Je continue ma course vers le fond et me mange un doigt que je ne saurais dire sans commettre trop d’aveu. 

 

Je nage maintenant sur toi, ton étendue, mes bras tentant en vain dans un réflexe mécanisé de se subroger à la conscience que de tout temps je te donne.  

 

Je me tourne vers toi, les dents cassées et la bouche fendue, d’une main implorante, laquelle ne pourrait que me révulser si j’éprouvais la moindre envie de la combattre.  

 

Je rampe vers toi en ponctuant chaque mouvement d’un coup de tête sur le sol chaud et poisseux. Mon visage s’étire vers toi absente, dans le rêve d’un toi dépouillée de tes oripeaux, la nuque rompue vers le ciel, dans lequel, à travers le mur, je commence à te deviner. 

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Outrages

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Un beau rêve (du 1-8-00 au 31-3-01)

343                                                                                                                              17-01-01

 Les outrages se succèdent... Dans la brisure de la vague, je sentais mon corps roulé, plus léger qu’un galet, plus lourd qu’une écume. Pris dans le mouvement matriciel, l’interrogation venait : ce que je recherche n’est pas un résultat, un composant, un état, mais bien une question, LA question ontologique originelle. 

 

On a pu m’accuser de manque de clarté, d’incapacité à la définition de cette heuristique, de mes croyances selon ce “on”, mais non, il s’agit de mon identité, que je ne saurais transcrire en de simples valeurs ou comportements.  

 

Ma recherche s’avère tout le contraire d’empirique, dont je me défends par dessus tout dans la mesure où il ne me paraît susciter que l’erreur finale, le déplorable constat de l’éboulement ou de l’interdiction du chemin que l’on comptait emprunter... Cette recherche est donc ésotérique, s’appuyant sur l’intuition transcendantale plutôt que sur le phénomène, l’événement, l’objet ou la méthode empirique (pragmatique ?) de l’expérimentation.  

 

Trouver une question ! Dont on ignore jusqu’à l’article ou le pronom déterminant ! Tel n’est pas l’intérêt de la quête si peu mystique et tellement “raisonnable” : elle n’en compte aucun, excepté pour celui qui la suit et ceux qui la découvriraient dans leur vérité propre.  

 

Je n’oeuvre pas pour le monde mais pour l’éveil. 

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Tourments

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Un beau rêve (du 1-8-00 au 31-3-01)

344                                                                                                                              19-02-01

 Tant d’images se pressent à ma porte, que je ne parviens plus à maintenir close. Charles Trénet est mort. 

 

Je m’en réjouis absolument. 

 

Ce gars me donnait un bourdon impitoyable avec son air de premier communiant allumé et pédophile, sa joie de vivre continuelle. Un cafard comme il n’est pas permis... Sa bonhomie légendaire, son talent, son swing bien qu’il ne jouât en aucun cas au golf, son côté zada, ou dazou qu’en sais-je, me révulsaient sans autre compromis.  

 

Cet oeil rond, réjoui de tout, m’horripilait... “Ce type m’en veut ! C’est pas possible !” Hurlais-je en me frappant la tête du poing alors qu’il bredouillait ses mélodies séniles, ses bribes d’une vie incomplète et incomprise. Ses élans sentimentaux me faisaient vomir d’une fausse bonté.  

 

Aujourd’hui, les pleurnichards en dressent une auréole bien terne, lorsque le seul engagement réel de ce pâle individu aura été celui de son dentier luminescent exhumé de sa bouche putride, éclairant faussement l’obscurité insensée de ses admirateurs bornés.  

 

Charles Trénet n’est rien, sinon la représentation même de l’appât-piège qu’est la conception commune d’un bonheur clairvoyant... fourvoyé, ridicule en somme.  

 

Tant de maux ne nous accablent pas qu’il ne paraît guère impératif de s’imposer des biographies larmoyantes, des hommages évidents, un néant de tourmente. 

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Tranquillité

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Un beau rêve (du 1-8-00 au 31-3-01)

345                                                                                                                              22-03-01

 Ma tête commence de tourner. Tant de pointes ironiques meublent mes interventions quotidiennes que je ne sais plus exactement mon but. Le pitre, celui que l’on ne peut prendre au sérieux. Je n’ignore pas que je suis voué à l’échec, sans rémission, pour ne pas avoir le courage de ma faiblesse. 

Je prie je ne sais qui de me pardonner de la faiblesse du propos, car je n’écris plus, plus assez du moins... Plus, moins, voilà que tout s’équilibre encore contre mon gré ! Etre neutre est un acte manqué, tout comme se noyer dans la tranquillité sereine et douillette d’un crissement de plume sur le papier.  

 

Seul, j’avoue chaque soir ma défaite finale. Accompagné, un cheveu se glisse sous ma mine, dévie sa course en m’emplissant les oreilles de bruits nerveux, détournant mon attention, rigidifiant ma main, abruti...  

 

Il n’existe aucune liberté dans le béat assoupissement de la conscience qu’est l’appel du sommeil. Je sens mon écriture devenir violente, et je sais que le virus qu’elle instille en moi, dont je pensais mieux en parler que la pratiquer, m’inonde toujours.  

 

Je suis au ciel de mon bonheur et la tranquillité m’achève. 

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Envol

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Un beau rêve (du 1-8-00 au 31-3-01)

346                                                                                                                              31-03-01

 Agacé par le monde, à un point tel que le moindre bruissement des ailes d’une abeille me paraît autoroutier. Les gestes nerveux se répètent à un rythme plus élevé maintenant et je perds le contrôle. Ma main vole vers le visage de l’enfant et lui décolle la tête, qui s’envole elle aussi, mais ma nervosité reste inassouvie. 

 

Je me jette lors dans ma voiture et conduit comme un fou, très lentement, avec le pressentiment clair qu’il se passerait quelque chose. Dans un virage, j’arrive trop doucement et dérape. Sur ma droite, à l’intérieur de la courbe, rien. Et à gauche une falaise verticale de terre argileuse, haute d’environ haut plus. L’avant du véhicule choisit la certitude et heurte la butte. Je constate avec désarroi l’envol de ma voiture, dont je peux fugacement admirer la complexité technique du dessous. Puis elle disparaît par-delà le sommet.  

 

Je me retrouve désappointé, accidenté de voiture sans voiture. Et surtout on va me demander des comptes : elle n’est même pas à moi cette tire ! 

 

L’angoisse habituelle prend le pas sur la nervosité anté-événementale. Je me mets à sa recherche, sans mémoire, note-je au passage d’un gué sur une rivière à sec. Je grelotte imbécilement et mes soupirs trahissent la faiblesse devant le phénomène. Parcourant un quartier résidentiel, je saute la minable barrière blanche clôturant l’are de terrain réservé au pavillon sordide. L’herbe est entretenue, soulage mes chaussures cramponnées au sol. Des graviers crissent alors que le chemin se laisse à peu près franchir, et au détour de la loggia, de la véranda, du solarium, du jardin d’hiver, de la remise fenêtrée, du hangar aux vasistas (le diable de l’architecture de lotissement : je ne me rappelle jamais le nom des pièces !), elle est là, ma voiture, un peu bosselée après sa chute vers le haut.  

 

Je suis certain qu’elle fonctionne, et la nervosité me reprend. 

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Pingouin

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

365                                                                                                                              26-06-01

 

 

 

J’ai senti mon regard sombrer dans la chaleur lourde et un bruit de pompe.

 

 

 

Apprêté comme pour un départ, le pingouin se délaisse de tout son dos sur son lit de cuisson. Ramenant ses palmes en gisant sur la poitrine, il ferme ses yeux sans paupières et se recueille doucement sur le sort du monde.

 

 

 

Il n’est pas bien vaillant, le pingouineau au bonnet rouge. La chaleur lui pèse à mon regard. Ses aisselles moites le gênent quand je compatis avec son désentrain. Comme moi, il regrette sa luxure, son renoncement devant l’odieuse nécessité du voyage qui l’a amené jusqu’ici.

 

 

 

Il ne se repent pas moins de l’orgueil qui lui dentelle les palmes tremblantes, quand il ne peut refuser un défi, aussi absurde soit-il...

 

 

 

Il se mord la nageoire quand il songe à la somme d'inepties qu’il a pu pour avoir le dessus dans ses conversations de comparses boréens...

 

 

 

Mais maintenant, seul dans un pays chaud, la réflexion le rend sans déprendre. Alors il s’allonge sans paix et ses yeux ronds sans paupières cillent sur l’éternité de l’erreur et du mensonge.

 

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Lubrano

Publié le 30 Septembre 2005 par Luc dans Les rêves se terminent toujours (9-4-31-7-01)

366                                                                                                                              26-06-01

 

 

 

Il paraît que quelqu’un est mort... Les visages se figent alors que la rumeur enfle démesurément. A l’entour de ce brouhaha, de ce furoncle, les pas s’accélèrent bruyamment dans les escaliers, comme si ces pieds convoqués par la force des choses et de leur hiérarchie s’en souciaient plus que d’une guigne. Le trot sonore des obéissants à l’injonction primale de la compassion m’écoeure ainsi que le furoncle de la rumeur, qui se traduit maintenant dans le dit.

 

 

 

Le mort était connu, mais ami de personne. Pourtant les faces s’allongent et les yeux s'humidifient dans une plainte terrorisée, sans plus penser, ô non, à l’objet catalyseur de leur peur de la mort.

 

 

 

Pour ma part, allongé sur le côté et à demi sourd par voie de conséquence, j’ai immédiatement eu envie de sourire, de démontrer de mon indifférence totale quant au fait et à l’objet de l’attention générale, comme toujours...

 

 

 

Là encore, je n’ai pas dit la vérité ; j’ai feint la compassion commune, tout en me réjouissant perfidement de la rapidité de la mort de l’ex-futur défunt. Feu et foin de ces considérations : le groupe de gens se confond avec le furoncle, mais ai-je encore envie de le presser jusqu’à l’explosion ?

 

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