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Hontes

Souffrances, amour, désespoir, moquerie, musique et philosophie... La vie, quoi !

Joué

Publié le 1 Février 2016 par Luc in L'amour de l'erreur (du 14-5 au 30-7-03)

 

La lourdeur empesée de l’air et des paroles m’a saisi ce matin. A mesure que les blocs de ciel noir continuaient de s’empiler mécaniquement sur le trop proche horizon, ma vue se brouillait dans mes yeux secs, pleins de poussière. Les mains immobiles et posées à plat sur la froide étendue, ma tête se renfonçait dans les épaules tout en déclinant.

 

Aucun tremblement, juste la sensation présente d’une atroce lucidité.

 

Mon crâne suit la lumière. La détonation ne vient pas quand tous les autres bruits me harcèlent, me harassent. Je n’ai ni le temps ni le goût de la réflexion à ce moment. Mes gestes sont machinaux et imitent la mort lorsque le mépris qu’on me porte frappe presque amicalement. Tout cela va bientôt se terminer, c’est heureux…

 

Je m’étrangle sans rire à cette pensée, le ventre gonflé et tendu comme celui d’un noyé, dont j’arbore aussi le visage épanoui, plein de gaieté lunaire. Non, tout cela doit cesser…

 

Ces visages qui se reculent perclus d’horreur quand je m’approche, ces corps qui fuient à mon contact, les regards tous détournés qui entrent pourtant dans ma peau comme des lames effilées. Il faut que cela cesse…

 

Je voudrais crier à toutes ma faiblesse, ma rage d’écrire et de vivre vivant, que je suis tout le contraire d’un être morbide et glorifiant la douleur, mais la crainte du ridicule avéré de l’image de l’écrivain laid et sans talent me retient encore, définitivement semble-t-il. Cesser, maintenant.

 

J’ai alors mis ma tête à la pierre, entre deux blocs de ciel noir… qui se sont écartés de moi, encore floué, joué, et je ne peux plus maintenant, pour encore ressentir mon corps, que tordre nerveusement mes orteils, dans la convulsion de ma mort ratée à venir.

 

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