Minabominologie

« Peut-on condamner quelqu’un à vivre ? ». Telle fut la question que j’entendis ce matin sur les ondes sinusoïdales de ma sinusite hélicoïdale. Passant alors à travers les murs de pus qui obsèdent mon quotidien, l’interrogation fut mise en lumière dans le cerveau lourd du petit matin et tout me revint en mémoire.

Comment je peux être odieux et délétère, vieux et sans colère, seulement mû par le minable emportement de l’égoïsme.

Ma seule colère est celle qui survient lorsque le changement menace ou s’impose à moi durant une absence, par exemple lorsqu’une poêle n’est pas rangée à la place que je lui avais impartie.

Ma seule indignation concerne les modifications d’emploi du temps que l’on me force à appliquer.

Mon seul intérêt dans la vie est que tous les jours se ressemblent absolument, une forme d’amor fati minimaliste et frileux.

Alors la réponse à la question radiophonique, entre une éructation glaireuse et un reniflement tant chargé que sonore, était évidente : j’ai gueulé « NON ! ».